La Liberté aussi tue la liberté ! (I)

imagesC’est entendu, la Liberté est à droite, l’Egalité à gauche, et la Fraternité est centriste, c’est-à-dire nulle part. Maintenant il faut être distrait ou aveuglé par son idéologie pour croire l’égalité possible. Plus on voudra s’y atteler, plus on réduira la liberté et plus il faudra donner du pouvoir à ceux qui viseront cet objectif : cercle vicieux, ce qu’a été notre Révolution à son paroxysme de 1793 ! Aujourd’hui encore, sous prétexte de lutter contre l'”apartheid” des banlieues le gouvernement va s’attaquer à la liberté du logement, mais aussi à celle du choix de l’école, et sans doute sans le moindre résultat positif. L’égalité se résume donc à celle des droits, que la puissance de l’argent ou des réseaux a vite fait de contourner. Le mieux que l’on puisse souhaiter, c’est d’introduire de l’équité, c’est-à-dire une certaine proportion entre le mérite et sa récompense, la responsabilité et sa sanction. C’est possible à l’école et très idéaliste dans la société.

Reste donc la seule vraie question qui est celle de la liberté. Jamais sans doute cette notion n’a été à ce point chamboulée ! Pour nous en tenir à la politique et ne pas nous égarer dans la métaphysique, la liberté est affaire d’équilibre. Entre les individus, d’abord, pour éviter les débordements des uns nuisant aux autres. Chacun dispose d’un espace qui doit respecter celui des autres. L’espace de ma pensée est infini et ma liberté y est totale. Si je l’exprime, elle rencontre l’autre, et cette rencontre exige des limites, par exemple celle de l’injure ou de la diffamation, non celle de la confrontation légitime entre des idées différentes. A l’autre extrémité on trouvera l’espace de la force physique. Cet espace-là est le plus réduit. Je ne peux user de ma supériorité physique pour contraindre la liberté d’un autre. On observera que ces évidences ont perdu de leur clarté. Dans de nombreux pays, la fessée, pour remettre en place les idées d’un enfant dans la sphère privée de la famille, n’est plus tolérée, mais le même enfant, ayant grandi, devra raser les murs, se délester d’une cigarette ou de son argent de poche, parce qu’un groupe ou un plus grand que lui l’auront menacé. Si par le plus grand des hasards, l’agresseur est allogène, la moindre remarque sur ce détail risquera de transformer la victime en coupable destiné à devoir rendre des comptes à la justice, en raison de son odieux racisme.

Un second équilibre est donc nécessaire dans une démocratie libérale. C’est celui entre l’individu, ou plutôt la sphère privée et l’Etat. C’est ce dernier, détenteur du monopole de la violence légitime qui doit garantir les frontières entre les espaces de liberté des individus. La sécurité est alors l’autre face de la liberté. C’est à la fois le sentiment que l’on a de sa sûreté par rapport aux autres, mais aussi par rapport aux détenteurs des pouvoirs.  La définition précise des limites à respecter dépend idéalement de la raison d’où découlent les principes du droit naturel auxquels devraient uniquement se référer nos préambules constitutionnels, et de façon subalterne,  de la volonté populaire lorsqu’elle s’exprime par référendum.

L’empilement des textes de 1789, de 1946 à quoi s’est ajouté le “principe de précaution”introduit par la Charte de l’Environnement de 2005, accrédite l’idée d’une évolution des droits fondamentaux en fonction de la nécessité du temps. Cette fluidité est paradoxale. Elle paraît accroître les libertés. Elle les menace sournoisement en fait. Michèle Tribalat en fait la démonstration dans son ouvrage sur l’immigration, “Les Yeux grands fermés”. Bien sûr, la liberté de se déplacer est un droit, mais celle de s’installer doit être limitée dans la mesure où elle représente un coût ou un risque pour le pays d’accueil. C’est donc à la liberté des citoyens de ce dernier d’en préciser les conditions. Ce n’est, hélas, plus vrai. Par le biais d’organisations non gouvernementales, un progressisme mondial exerce une pression sur les Etats. Des conférences internationales, des forums mondiaux indiquent les tendances. Des organismes supra-nationaux éloignés ou dénués de tout véritable contrôle démocratique rédigent des textes qui s’en inspirent. Pour la France, petit à petit, la délégation de souveraineté à l’Union Européenne et la suprématie du juridique et des instances judiciaires sur le politique et les pouvoirs démocratiques rompent l’équilibre. Parce que des personnes désirent fuir l’absence de liberté chez elles ou simplement améliorer leurs conditions d’existence, les populations des pays de destination, les Français en particulier,  perdent la liberté de se refuser à les accueillir et les forces chargées de leur protection le pouvoir de s’y opposer.

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3 commentaires

  1. Le décret Barre-Beullac-Guiringaud-Bonnet-Veil 77-1239 du 10 novembre 1977 visait à restreindre pour trois ans le regroupement familial instauré par le décret Chirac-Poniatowski-Durafour-Sauvagnagues-Veil 76-383 du 23 avril 1976.

    Ce second décret fut annulé le 8 décembre 1978 par le Conseil d’État (arrêt GISTI) sur la base des alinéas 5 et 10 du Préambule de 1946. Donc ne pas tout mettre sur le dos de Giscard ! Ni sur le dos de l’U. E., d’ONG ou d’une “idéologie mondialiste” !!

    Il faudra donc une profonde réforme de la Constitution de 1958, sortant tout ou partie de ce Préambule du bloc de constitutionnalité, pour résoudre ce problème, et pour que la France retrouve la maîtrise de son territoire, “patrimoine commun de la nation” selon l’article L. 110 du Code de l’urbanisme (loi socialiste du 7 janvier 1983).

    Personne n’a encore eu le courage politique, non seulement de proposer une telle réforme, mais encore de parler de cette question.

    1. Le préambule est un discours philosophique qui ne devrait pas être utilisé après interprétation dans l’application de la hiérarchie des Normes. Il faudrait le remplacer par des amendements à l’Américaine qui après référendum définiraient quelques droits fondamentaux, comme la liberté d’expression.

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