La Nouvelle-Calédonie demeure française malgré la trahison de la gauche.

La victoire massive du “Non” au troisième référendum sur l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie est une excellente nouvelle qui doit éclairer la réflexion politique bien au-delà de l’archipel du Pacifique. D’abord, grâce à ce territoire et à la Polynésie, la France restera présente dans l’Océan qui devient dans l’histoire le nouveau centre du monde après la Méditerranée et l’Atlantique. Cette terre est riche et sa population dynamique et entreprenante. Elle participe à la puissance de notre pays, le second par sa surface maritime après les Etats-Unis.

Après les événements qui avaient précédé l’élection présidentielle de 1988, l’enlèvement et l’assassinat de gendarmes par des indépendantistes, et la répression légitime qui avait suivi, non sans peser sur l’échec de Jacques Chirac, la gauche s’était employée à travers Rocard en 1988 puis Jospin en 1998 à faciliter l’indépendance de la Nouvelle-Calédonie par le biais des accords de Nouméa. Ceux-ci accordaient de nombreux avantages et privilèges aux Canaques, au détriment des Européens venus s’y installer. On ne contestera pas la régionalisation du territoire pour permettre l’administration des populations par des représentants de la majorité ethnique des régions ainsi créées, la volonté de rééquilibrage politique et surtout économique, ni le respect des coutumes, même si sur ce dernier point, on a créé, l’air de rien, une contradiction entre l’idéal républicain d’un progrès vers un droit universel et égalitaire et un conservatisme communautariste, voire séparatiste, étranger à notre pays, et dangereux si on venait à l’appliquer en métropole au profit non des premiers occupants mais des derniers venus.

Les contradictions de la gauche, entre son idéologie et l’application de celle-ci à des problèmes particuliers, ne peuvent être résolues que par le raisonnement suivant. La gauche était progressiste, voulait l’égalité des droits puis des conditions, l’application sans distinction de droits égalitaires à tous. Cela comprenait à la fois l’amélioration de la condition ouvrière et la colonisation en vue de faire accéder des populations non-européennes aux bénéfices d’un progrès qui se rattachait au respect de valeurs universelles. Les classes de la société industrielle ont perdu leur netteté et leur antagonisme, la gauche a désormais choisi le combat systématique du bas contre le haut. Dans un premier temps, ce fut celui des peuples colonisés contre leur colonisateur. Si le principe d’auto-détermination demeurait logique avec l’universalisme, ses conséquences l’étaient souvent moins avec des pays devenus indépendants, mais dictatoriaux, peu respectueux des droits de l’homme, de l’égalité des sexes, et redonnant toute sa puissance à l’inégalité et à l’absence de liberté inscrites dans la religion musulmane. Lorsque des migrants issus des anciennes colonies sont venus en France, avec une mentalité lourdement imprégnée d’une culture peu compatible avec le droit et les moeurs de notre pays, la gauche a mué : au lieu de poursuivre son rêve d’assimilation, elle a cru trouver dans les minorités issues de l’immigration son nouveau prolétariat. Ce faisant, au lieu d’être le vecteur d’un rayonnement de notre universalisme, elle devenait un vecteur de destruction interne de notre nation.

La Nouvelle-Calédonie offre un exemple saisissant de cette inversion. Sa situation est originale. Souvent, les anciennes colonies comprennent des populations pré-coloniales plus importantes que celles des colons et de leurs descendants. Elles ont même accru leur supériorité démographique du fait de la colonisation et de l’amélioration des conditions de vie qui en a résulté. C’était le cas de l’Algérie dont l’indépendance s’est faite au détriment des Pieds-Noirs. Dans d’autres cas comme les Etats-Unis ou l’Australie, l’arrivée d’une masse d’Européens a fait de ces pays des démocraties où le poids du nombre a donné sans partage le pouvoir aux colons, sans que personne ne remette en cause la nature démocratique de ces pays. En Nouvelle-Calédonie, l’équilibre relatif des populations entre Canaques et Caldoches rendait la situation plus délicate. La natalité plus forte chez les Canaques, et l’installation de nouveaux métropolitains devaient maintenir cet équilibre, et à moins qu’une large majorité se manifestât en faveur de l’indépendance, l’intérêt de l’ensemble des habitants et de notre pays était de maintenir le statu quo en améliorant les conditions de vie des moins favorisés. La gauche a au contraire considéré, contre les fondamentaux de sa pensée, qu’il y avait des Néo-Calédoniens “plus égaux que les autres” suivant la savoureuse expression d’Orwell. Ceux-là mêmes qui réclament le droit de vote pour les étrangers en France métropolitaine ont dissocié la nationalité française et la citoyenneté calédonienne. Cette dernière et le droit de vote qui en découle, au lieu d’être étendus, ont été restreints. Celui qui n’a pas des parents nés sur le territoire et qui n’y vit pas depuis 20 ans, n’a pu participer aux référendums sur l’autodétermination. La gauche a gelé la population d’origine européenne, elle a pratiqué le droit du sang qu’elle fustige ailleurs, elle a consacré “l’identité Kanak” alors qu’elle stigmatise l’identité française. Plusieurs scrutins échelonnés devaient conduire à l’indépendance suivant un déterminisme démographique contraire à toute conception du droit, favorisant une population d’origine à laquelle la Nouvelle-Calédonie doit peu ce qu’elle est devenue. Là encore, on remarquera que ce droit est refusé aux Français par rapport aux immigrés récents, double-nationaux et qui n’ont contribué que très marginalement à ce qu’est la France.

Encouragés par cette démarche idéologique, antinationale, les indépendantistes ont intégré la logique du processus : n’étant pas sûrs de gagner lors du troisième et dernier référendum prévu par les Accords, ils ont prôné l’abstention afin de dénier toute légitimité à ce scrutin. Pour eux, la série n’est pas achevée. Elle ne le sera qu’avec l’indépendance. Il faut au contraire tourner la page de cette trahison mise en oeuvre par les gouvernements socialistes. La Nouvelle-Calédonie doit demeurer française plutôt que de devenir un satellite d’une puissance comme la Chine, de subir une gouvernance revancharde et peut-être corrompue, et de voir une partie de sa population contrainte à l’exil. Il n’est pas étonnant qu’un Mélenchon approuve l’attitude des indépendantistes et refuse toute légitimité au scrutin. La gauche n’est plus le parti des ouvriers mais celui des étrangers, y compris ceux qui ne le sont pas encore mais souhaitent le devenir.

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6 commentaires

  1. Avec malgré tout une pensée pour mon ancien ami Halluinois Pierre DECLERCQ leader indépendantiste assassiné par on ne sait toujours pas par qui, mais certainement pour la raison d’état il y a de cela 40 ans.

  2. Cela montre que cette notion d’universalisme ne marche pas en pratique, ou en tout cas pas toute seule.
    Cela marche pour maintenir une bonne ambiance, une atmosphère équitable, si on a pris au préalable la précaution de faire en sorte, comme le disait de Gaulle à Peyrefitte, que les minorités restent de toutes petites minorités.

    Mais les discours sur l’universalisme finissent par leurrer ceux qui les tiennent, qui comme tous les demi-habiles finissent par se prendre les pieds dans le tapis : puisqu’on veut l’universalisme, pourquoi limiter la taille des minorités ? Et puis, pourquoi ne pas promouvoir une repentance (qui, soit dit en passant, revient exactement à rendre certains plus égaux que d’autres) si elle est dans l’air du temps, et dans les tendances passionnelles d’une génération, celle du baby-boom ?

  3. On avait bien compris dès les accords de Nouméa que le résultat final ne serait légitime que s’il débouchait sur l’indépendance. Instrumentalisation classique de la procédure démocratique.

    Si l’effectif du corps électoral non-canaque fut bloqué tout au long de la procédure de transfert, la fin de partie signale que ce n’est plus le cas puisqu’à partir d’aujourd’hui on est revenu au classique “un homme, une voix”.
    Les chefs canaques, qui hurlent au charron comme s’ils avaient été volés, seraient bien inspirés de tourner la page pour participer au projet calédonien, sinon leurs enfants quitteront les cases et la coutume pour s’y insérer. Instagram, WhatsApp, Twitter et Facebook auront raison d’un folklore stérile.

  4. ….si c’est pour quitter leurs cases et rejoindre un appartement HLM en béton,on peut les comprendre. Leurs ancêtres n’en sont pas morts, nos petits enfants dans nos banlieues s’entretuent !

  5. Tout le monde sait pourquoi la France veut garder la Calédonie. C’est pour beaucoup de choses mais certainement pas pour les beaux yeux de ses peuplades ! Personnellement, je serai heureux qu’elle puisse rester française mais pas dans l’hypocrisie.

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