A Quand La Révolte ?

images (44)Lorsque le Général de Gaulle a mis en place la Vème République, il a voulu des institutions qui favorisent l’exécutif, c’est-à-dire la continuité et la responsabilité de l’Etat et donc pour lui la dignité et la réussite de la France. Son histoire personnelle l’avait rendu lucide sur la médiocrité des hommes. Toutefois, il n’avait pas pensé que celle-ci envahirait la vie politique jusqu’à faire des institutions le rempart imprenable de dirigeants malfaisants à force d’incompétence et d’insuffisance morale.

Le parti du Président élu il y a deux ans, majoritaire à l’Assemblée, seul à bord du radeau gouvernemental, ou presque, a été laminé aux municipales, écrasé aux européennes, tandis que les sondages atteignaient un niveau abyssal de popularité présidentielle qui entame la légitimité réelle du pouvoir. Légalement, toutefois le Président et l’Assemblée peuvent rester en place trois ans encore. Dans quelques mois, le Sénat basculera et M. Valls fera face à une situation plus difficile. A l’automne, le radeau entrera dans les rapides. Tandis que les zombies des organisations “étudiantes” de gauche tentent de ressusciter le fantôme du fascisme, on ne peut que regretter que le Jour de Colère soit parti trop tôt et en prêtant le flanc  à des soupçons d’extrémisme. Car toutes les raisons de la colère populaire sont aujourd’hui réunies. Des raisons, dénuées même de préjugés ou de passions politiques, fondées sur les constats et le bon sens !

La France est gouvernée par des incapables. Pour le moment, ils sont de gauche. Les médias qui ne passent pas pour être orientés à droite, puisque une large majorité de journalistes votent à gauche, sont devenus pour ceux qui aiment la France un instrument de torture quotidienne. On a abusé de l’exception française. Pourtant l’expression devient juste. Notre pays devient réellement  une exception, le seul pays à s’enfoncer sans cesse davantage. La croissance existe, souvent timide, mais pas chez nous. Le commerce extérieur s’améliore, pas le nôtre. Le chômage diminue parfois spectaculairement comme au Royaume-Uni. Chez nous il continue de progresser malgré la multiplication des emplois artificiels et le fait que l’on travaille moins longtemps en France qu’ailleurs, avec l’épouvantable gâchis du savoir-faire des seniors. L’industrie s’effondre. Les investissements stagnent. Le déclin n’est pas une thèse, c’est un fait.

Le gouvernement actuel a une double responsabilité. D’abord l’idéologie qui l’anime, à contre-courant de toutes les politiques intelligentes menées sur la planète, a systématiquement ruiné les fondements, les ressorts psychologiques de notre économie. La retraite à 60 ans, alors que l’espérance de vie grandit, a été un crime contre l’intelligence. Non seulement cette mesure stupide déséquilibre nos comptes, alourdit le coût du travail, augmente le chômage, mais encore, elle a frappé d’obsolescence ceux qui perdent leur emploi à cinquante ans. Le même jugement doit frapper les 35 heures qui, au-delà de la perte de compétitivité économique, ont ruiné la valeur même du travail. Or, en revenant au pouvoir, en 2012, après une crise sans précédent, les socialistes ont rapporté leurs vieilles idées qui, partout, avaient échoué : moins de travail, plus d’impôts, une dépense publique insuffisamment maîtrisée, le tout recouvert par des incantations sur la croissance et des contre-sens sociétaux sur la famille, la justice et l’immigration. A près deux ans d’échecs, le pouvoir a voulu se refaire une virginité en changeant de discours et accessoirement de Premier Ministre. Le tableau est désastreux. Après avoir supprimé quelques bonnes mesures des gouvernements Fillon, on y revient,  on reprend même les idées de l’adversaire tout en lui faisant porter la responsabilité des ravages. Cela donne un noeud de contradictions, une bouillie intellectuelle, un fatras de mesures que les ministres eux-mêmes ne semblent plus comprendre. On veut toujours réduire les déficits, sans y arriver, en raison de la chute prévisible des rentrées fiscales. Mais on diminue les impôts en prétendant financer le cadeau fiscal par la lutte contre la fraude. Montebourg s’agite stérilement. Touraine avec un ton de grande bourgeoise, qui ne respire pas la composition, y va de sa litote pour commenter avec fatalisme : “Les chiffres du chômages ne sont pas satisfaisants”. “Non. Ils sont insupportables, et vos idées, votre politique en sont la cause” a-t-on envie de lui répondre en pensant que la perte rapide de son “emploi” ne serait que justice !

Malheureusement, pour la France, il y a l’opposition parlementaire, l’UMP, une machine électorale pourrie d’ambitions mais privée d’idées et de talents. Il est vrai que ses dix ans de pouvoir n’ont pas porté leurs fruits par manque de courage et de cohérence. Même le souvenir de l’activisme agité de Sarkozy laisse apparaître chaque jour les illusions qui enveloppaient les discours, les promesses et les mesures. La montée des déficits, des prélèvements obligatoires, et de la dette ne date pas de 2012. Des gouvernements bâtis sur des “castings” et une politique de “com” initiée par une “ouverture à gauche” ont laissé un pays dans lequel aucune question n’avait été réglée. Les Roms, les migrants à Calais, l’insécurité jettent rétrospectivement une ombre sur le Ministre de l’Intérieur. Le décrochage économique de la France par rapport à l’Allemagne, notre recul dans un domaine comme l’éducation, l’absence de suivi sur les dossiers font se dissiper l’euphorie naguère provoquée par l’énergie de la parole présidentielle : Alstom ? La relance de l’industrie ? La Libye ? On cherche en vain une fondation solide. On ne trouve que des décors qui ne résistent pas au temps.

Incompétence criminelle à gauche, légèreté et arrivisme forcené à “droite”, la France semble prisonnière d’un système qui conduit à une élection présidentielle où le léger comme l’incompétent pensent qu’il suffira de se retrouver au second tour face à ce qui fait peur pour continuer à participer sous ses ors au déclin de la République. Pour la France, c’est le système qu’il faut aujourd’hui briser. Ce n’est donc pas d’opposition, mais de révolte dont la France a besoin.

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7 commentaires

  1. Tahiti et ses îles ont bien boycotté le scrutin. Et le maire de Bora qui a eut son moment de gloire à la tête du Pays a fait ce commentaire excellent : quand on sait combien d’argent l’Europe nous envoit on ferait mieux d’y réfléchir à deux fois avant de boycotter. Très bel article, et j’espère que vous serez entendu. Attention à l’EuroGendFor tout de même.

  2. Votre titre évoque une révolte: voilà sur quel sujet on vous attendait. De quelle sorte, quand, où ? Nous avons notre idée sur la chose, la vôtre nous intéresserait.
    Car tous les constats ont été faits: c’est une spécialité française que d’y consacrer plus qu’à l’action salvatrice.
    Des actes, à présent.

    1. Il est clair que la France est entrée dans un processus de déclin qui s’accélère aujourd’hui. Le pouvoir socialiste a perdu tout crédit auprès de la population comme à l’international. Malheureusement l’opposition traverse une crise qui est structurelle et tient à la médiocrité du personnel qui la compose. Je crois nécessaire de relancer les grands mouvements de protestation populaire, de demander la démission du Président ou la dissolution, et dans les deux cas de faire émerger du mouvement les hommes et les femmes qui, en dehors ou à côté des partis politiques régénéreront un système usé jusqu’à la corde au sein duquel les jeunes ambitieux sont encore plus pourris que les autres.

  3. Démission, dissolution et effacement des dettes, comme çà à l’Africaine !! Pour toute l’Europe et les autres pays, comme du temps des tulipes. Bon courage pour esquiver quelques décennies d’anarchie sanglante.

    1. Nos institutions sont solides. Une élection présidentielle ou même une élection législative peuvent être l’occasion de l’émergence d’hommes ou de formations politiques nouveaux. Le drame ne vient pas des institutions mais des mauvaises habitudes et des hommes qui en vivent.

  4. “Une révolte ?…..non Majesté, une révolution ”
    En effet, c’est bien cela l’urgence aujourd’hui. De plus, il faudrait quelle soit sociale, économique ,morale et culturelle. L’idéale pour la déclencher, ce serait que le peuple ait faim, mais il est vrai, nous ne sommes plus en 1789 !

    Le ventre vide, on ne pense plus, on fonce
    Le ventre plein, on panse plus et on ronfle…
    certains l’ont bien compris (des jeux et du pain) ( la télé, la française des jeux et la malbouffe).Et bonne nuit les “petits”

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