LE SENS D’UN SUICIDE ?

images (68)“Il n’y a qu’un problème philosophique vraiment sérieux : c’est le suicide. Juger que la vie vaut ou ne vaut pas la peine d’être vécue, c’est répondre à la question fondamentale de la philosophie.” écrivait Albert Camus au début du Mythe de Sisyphe. Le suicide de Dominique Venner hier renvoie à cette introduction célèbre. Mais son écho est multiple. Mort d’un vaincu fasciné et comme attiré par les défaites ? Drieu La Rochelle ? Nostalgique d’un ordre ancien offrant sa mort en sacrifice ritualisé à ceux dont ils espère le réveil et la renaissance ? Mishima ? Vieil homme fatigué d’une vie vidée de toute espérance ? Montherlant ? Vengeance de celui qui, déçu par l’ Eglise (et non la religion) et par la Nation auxquelles il a trop cru, va volontairement souiller un des plus hauts lieux symboliques de l’une et de l’autre ? Cet acte a un caractère exceptionnel qui le fait échapper à la sociologie mais dont il faut chercher la signification politique.

C’est la notion de sacrifice qui paraît le mieux rendre compte de la démarche. Au bout d’une vie consacrée à des combats sans issue, à la mémoire blessée d’un passé idéalisé et aux soldats perdus de toutes les causes vaincues par la marche de l’histoire, cet homme a jeté sa mort au visage d’un pays dont le devenir lui était insupportable. Il l’a fait le jour du triomphe du lobby gay, qui avait commencé par de nouvelles sottises de Bergé, contre la liberté de conscience cette fois, s’était poursuivi par l’annonce élogieuse du dernier film de Soderbergh et devait s’achever par la “fête” à la Bastille, célébrant la promulgation de la loi. Il l’a fait à Notre-Dame de Paris pour toucher l’un des lieux les plus représentatifs de l’identité française. Il y a de la vengeance dans cette mort ambivalente qui est un reproche violent adressé à tous ceux qui laissent couler la France et aussi un appel au réveil d’un pays qui ne cesse de tomber. L’évènement a mis mal à l’aise les partisans de la loi, et n’a pas atteint ceux à qui le message était sans doute destiné : ceux, “à droite” dont l’imposture et les calculs électoraux sont chaque jour plus visibles.

Entre ce cri lancé aux “consciences assoupies” et l’injonction de Bergé aux consciences pour qu’elles se soumettent à la loi, le respect ne peut se partager. Il penche évidemment vers Antigone, vers le coeur rebelle à la médiocrité et au renoncement, vers celui qui pense qu’il y a une Loi supérieure à la loi. Celle de Dominique Venner, qui ne croyait pas au ciel, n’était pas divine, mais elle avait sans doute la force de la nature et de la vie, celle des peuples qui ne veulent pas mourir. C’est pourquoi il mêle assez justement l’idée de la sauvegarde de la famille traditionnelle qui est le support naturel de la vie et de sa transmission à celle de la défense de l’identité nationale et de la résistance au remplacement de la population et de sa culture par une immigration excessive. Lorsqu’on lit De Gaulle de bonne foi, on se dit que ces soucis ne lui étaient pas étrangers, que ce soit dans son allusion à Colombey-les-deux-mosquées ou à travers l’hymne à la continuité de la vie qui clôt les Mémoires de Guerre. D’ailleurs, le Général était un rebelle, comme beaucoup d’extrêmistes de droite qui l’avaient rejoint dès 1940, et qui n’étaient pas tous, d’ailleurs, des adeptes de la famille traditionnelle.

Mais là s’arrête la comparaison. Dominique Venner était un nostalgique, un admirateur des soldats magnifiquement vaincus, des Sudistes aux réprouvés Corps-Francs de la Baltiques en passant par les Russes Blancs. De Gaulle, lui, croyait en la victoire et en la nécessité d’offrir à celle-ci les moyens les plus modernes de sauvegarder l’essentiel. C’est ce que font semblant de ne pas comprendre les imposteurs qui prétendent parfois le continuer en confondant le progrès avec la décadence, en dissolvant la France dans l’Europe, en ouvrant les portes de l’immigration massive ou en participant à la destruction de la famille. Parce qu’il était chrétien, De Gaulle était un homme d’espèrance, patriote et humaniste à la fois. Parce qu’il a été contraint de mettre fin à la colonisation avec une cruauté qui n’était pas nécessaire, beaucoup de patriotes l’ont combattu et détesté, et Dominique Venner était sans doute de ceux-là. Mais, l’Homme du 18 Juin nous laisse un double message que le suicide de Notre-Dame doit nous rappeler en contrepoint : d’abord, dans les pires moments, ne jamais renoncer ; ensuite réunir les moyens de la victoire afin de restaurer l’ordre légitime un moment supplanté par le règne du “nul et non avenu”. Ainsi doit-il en être de la loi absurde du mariage unisexe ou des renoncements à l’identité et à la souveraineté nationales.

 

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4 commentaires

  1. ou vous avez pété un plomb, ou vous avez perdu tout sens de laz mesure, monsieur vanneste !
    le romantisme échevelé et délirant qui entoure le suicide de DV commence à me soûler. Autant je respectais l’homme et le penseur, autant son geste témoigne d’un esprit délirant, d’une fascination morbide pour la mort volontaire, d’un romantisme wagnérien qui témoigne (et c’est atterrant chez un homme d’une telle intelligence) d’une incapacité à mettre en ordre ses pulsions destructrices. Il lui manquait la foi en l’espérance, sentiment chrétien qui lui était totalement étranger, et la raison critique, d’inspiration, aristotélicienne, thomiste, maurrassienne et chrétienne.Son geste doit être dénoncé comme absurde, inutile, sacrilège et de mauvais conseil.
    Le respect du à l’homme et à ses souffrances légitimes ne doivent pas conduire à masquer l’absurdité intellectuelle de son geste, et j’irai encore plus loin, l’insulte à l’intelligence de l’esprit que constitue le suicide. Comment un homme d’une telle intelligence a-t-il pu se tromper à se point ? Sans doute parce qu’enfermé dans une vision du monde (une cosmogonie pour parler riche) erronée et contraire à nos traditions, il lui était impossible de comprendre que l’espérance, au sens chrétien du terme (et nul besoin d’être croyant pour la pratiquer), est la seule voie pour vivre DEBOUT. Se suicider, contrairement à ce qui a été écrit par certains de ses thuriferaires, c’est se coucher. C’est renoncer.
    Alors, non, ce geste n’a pas de sens et ne sert à rien. Il n’est rien d’autre qu’un épiphénomène, la déchéance d’un esprit dont l’intelligence fut perturbé par la fascination morbide pour la mort volontaire. Malheureusement, il lui a manqué deux choses : l’espérance et la raison critique, avoir compris aristote, thomas d’aquin, maurras, benoit XVI et les évangiles. Dommage. un immense gâchis.
    Ce geste n’est le commencement de rien, et ne finit qu’une seule chose : la vie de DV. Pas plus que l’immolation d’alain ESCOFFIER, ce geste servira à quoi que ce soit. Nous verrons quelques nostalgiques pleurer et déposer une gerbe à la date anniversaire et basta.
    Que celui qui voulait rénover la droite radicale et ses méthodes de combat dans “pour une critique positive” finisse ainsi ne m’inspire que deux sentiments : tristesse et colère.

    1. Il faut lire le texte jusqu’au bout. J’y dénonce le nihilisme de celui qui était fasciné par les défaites. Le denier numéro de sa revue en témoigne, consacré au défaites glorieuses.

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