GRIBOUILLE ET L’EUROPE.

L’Europe continue à alimenter le mouvement de yoyo boursier. Depuis 2009, le ballet incessant de ses dirigeants multiplie rencontres, déclarations, et même décisions, précédées par le doute et suivies par un regain d’optimisme vite démenti. C’est ainsi que le Président Hollande avait pu se féliciter du sommet de fin Juin et du “Pacte de Croissance pour l’Europe”  avec ses modestes 120 Milliards. L’illusion s’est dissipée. La Grèce ne s’en sort pas, à défaut de sortir. L’Espagne s’enfonce avec aux pieds les boulets de ses communautés autonomes hyperendettées. Et voilà que Moody’s envisage d’abaisser la note de l’Allemagne, des Pays-Bas et du Luxembourg.

Alors, les dirigeants très peu démocratiques et tout-à-fait technocratiques laissent tomber leurs célestes sentences : Barroso, qui se rend en Grèce pour la première fois depuis le début de la crise, demande des résultats et répète trois fois le mot. On se demande parfois à quoi sert ce coûteux personnage. Maintenant on sait : il est chargé des incantations. Le Président de la Commission est une sorte de Grand Sorcier. Jean-Claude Juncker, le Président de l’Eurogroupe a réaffirmé le ferme engagement d’assurer la stabilité de la Zone Euro, tout ému qu’il était de la remise en cause de la note de son immense Luxembourg. Van Rompuy n’a rien dit, il voyage. Et Mario Draghi, meilleur que Trichet, entre nous, a, lui, plu aux marchés, en annonçant que la BCE allait intervenir à nouveau pour racheter de la dette souveraine sur le marché secondaire. C’est contraire aux Traités, çà ne peut qu’encourager le laxisme et la démagogie des gouvernements européens, notamment ceux du sud. Mais la Bourse a apprécié…pour l’instant.

Les renflouements successifs échouent les uns après les autres. Des années de pouvoir d’achat soutenu artificiellement par la dette ne s’effacent pas aussi facilement. Les pays qui ont pratiqué à temps les réformes structurelles et qui n’appartiennent pas nécessairement à la Zone Euro offrent des perspectives à leur population, les autres sont devant le dilemme de l’austérité européenne, ou d’un retour à la responsabilité autonome, avec le réalisme des dévaluations.

Nombreux sont ceux qui considèrent que l’issue résiderait dans plus d’Europe, moins de souveraineté, et à terme, dans une Europe Fédérale. Gribouille, qui s’est jeté dans un puits pour éviter la pluie n’aurait pas mieux dit ni fait. L’Europe a échoué parce qu’elle a grandi trop vite, parce qu’elle est devenue trop technocratique, parce quelle a supprimé le contrôle des peuples, avec un Parlement coupé de ses électeurs et le mépris affiché pour les référendums, parce qu’elle est devenue le nuage d’obscurité qui permet à des gouvernants nationaux de cacher leur manque de compétence et de courage. Les identités nationales font la richesse de notre continent, sa commune culture chrétienne fonde une unité que le monde d’aujourd’hui et le souvenir des guerres du passé ne peuvent que renforcer, mais l’Union Européenne doit laisser au véritable niveau de décision politique qui est l’Etat National le soin d’assumer ses choix et les conséquences de ceux-ci. Qu’il y ait un marché, qu’il y ait des aides au développement des régions, mais que chaque pays ait la liberté d’avoir une politique économique conforme à la réalité de son potentiel économique. Des décisions prises de plus près et dont on est contraint, sans filet de protection illusoire, de payer la note économique et politique,sont nécessairement les meilleures.

Il y a en Asie, un pays de taille très modeste, dont la seule richesse très relative est sa situation géographique. Liée économiquement aux autres états d’Asie du Sud-Est ( ASEAN+ 3 / AFTA ), cette nation composite, à l’avenir très incertain, lors de son indépendance, est parvenue à un niveau exceptionnel de prospérité et de réussite parce qu’elle a bénéficié d’un gouvernement lui aussi exceptionnel et qui était condamné à réussir. Il s’agit de Singapour. Ce qui manque à l’Europe, ce n’est pas un fédéralisme déresponsabilisant, mais des dirigeants de la trempe de Lee Kuan Yew. Elle n’en a pas manqué dans son histoire. Il s’agissait toujours d’hommes politiques à la fois conservateurs, patriotes et néanmoins convaincus de la nécessaire solidarité européenne.

 

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