L’antiracisme a réinventé le racisme !

La révolution est physiquement un tour de cadran. Les choses sont renversées, la tête en bas puis reviennent à leur place, mais elles n’ont plus la même tête. C’est ainsi que les Blancs avaient tendance à regarder les Noirs de haut, comme des sauvages ou des enfants, corvéables à merci, dressables à volonté. Même avec humour ou avec bienveillance, le racisme était latent et en fait inconscient de Tintin au Congo jusqu’à Banania. Puis les éveilleurs de conscience sont venus dire aux chrétiens voués au repentir que ce n’était pas bien, qu’il fallait enfin pratiquer cette égalité qu’on proclamait sans la réaliser. L’humanisme portait l’unité du genre humain et réduisait les couleurs à de simples apparences. Les sciences, de la biologie à l’ethnologie montraient l’inanité d’une hiérarchie des races. Le racisme, chargé des relents de l’esclavage, des discriminations encore présentes ici et là, et de la récente abomination nazie, était rejeté avec horreur et devenait le péché originel, le père de tous les crimes, tandis que l’antiracisme devenait le dogme officiel.

Son succès rayonnait au point que ses frontières s’estompaient : au départ, la race était clairement le groupe humain distinct physiquement et transmettant ses particularités par voie héréditaire. Son existence est indéniable même si ses contours deviennent plus flous au fur et à mesure du brassage des populations, mais il était entendu que la question ne portait pas sur l’existence des races mais sur leur inégalité. Puis, l’on a voulu interdire le mot, honni, sacrilège permanent pour l’idéologie humaniste. Puis on a voulu diluer la signification du racisme pour désigner désormais toute distinction, toute hiérarchie entre les “humains”. C’est ainsi que les différences culturelles, acquises, transmises ont peu à peu joui de la sanctuarisation propre aux races : on ne pouvait plus parler de l’inégalité des religions, ni de celle des nationalités. Or, il ne s’agit plus ici de tirer de l’apparence physique des conséquences psychologiques ou intellectuelles contestables, mais d’établir des différences entre des pensées et des comportements qui peuvent légitimement susciter des jugements de valeur. Le Christ, Bouddha ou Mahomet, ce n’est pas la même chose.  Quant à la discrimination juridique entre les citoyens et les étrangers, elle n’a strictement rien à voir avec le racisme. Elle est le fondement même de la Cité qui ne rassemble que ses citoyens et non ceux des autres cités. Sans cette distinction, la politique n’a plus aucun sens.

Mais la révolution n’était pas encore accomplie. Elle termine sa course en rétablissant le racisme, en inversant toutefois ses données initiales. Cela a commencé avec la perversité de la discrimination positive : afin de compenser les inégalités dues au racisme passé ou latent, il fallait donner plus à ceux réputés victimes d’une inégalité. Il ne fallait plus se contenter d’une égalité juridique, formelle, mais rééquilibrer les inégalités supposées par des inégalités compensatrices. De même, il fallait limiter les libertés de penser, de s’exprimer ou d’agir en criminalisant toute pensée ou action incluant des inégalités. Haro sur la vieille dame blanche et chrétienne souhaitant la compagnie d’une semblable. La Halde ou le Défenseur du droit veillent ! A part dans le domaine confus de la sexualité, l'”autrisme”avait le vent en poupe. L’Autre était préférable, voire supérieur, le Même voué au déclassement. Les indigènes des colonies avaient toutes les qualités et ceux de la métropole, selon certains libérés en 1944 par ceux qu’ils exploitaient, n’avaient plus qu’à raser les murs.

En douce, l’inversion s’était opérée. La race reprenait des couleurs avec un nouveau racisme, on n’ose pas dire repeint à neuf, appelé racialisme. La race n’était plus une entité biologique mais une donnée sociologique, un produit de la société et de la culture qui racisent. Désormais la race assumait sa fierté, stigmatisait sans vergogne la blancheur de l’autre devenue une faute originelle, inexpiable, condamnée à s’agenouiller, à renier son identité, ses gloires passées, à déboulonner les statues de ses grands hommes, à remplacer les noms de ceux-ci par ceux de “racisés” pour baptiser les rues. Il devenait interdit à un blanc de jouer le rôle d’un noir, offensant pour ce dernier qu’un acteur se noircisse le visage. De même il était bien venu qu’un personnage de l’histoire ou de la littérature, quel que soit son profil, soit interprété par un racisé. Des exigences nouvelles faisaient surface réclamant la présence de la “diversité” sur les chaînes audiovisuelles, dans la publicité, au mépris du simple mérite ou des statistiques. L’apartheid, la séparation raciale institutionnelle pointait son nez à l’Université avec des réunions entre soi, interdites aux Blancs, ou avec leur présence muette tolérée. Bref, le racisme était revenu, jusqu’à notre “président” toujours à l’affût d’une expression à la mode parlant du “privilège” blanc…. L’antiracisme avait conduit à exacerber une guerre des races d’autant plus pernicieuse qu’elle ne s’appuyait plus sur une science déficiente mais sur un délire idéologique venu d’Outre-Atlantique.

Les révolutions sont des armes de destruction massives pour les civilisations. Il est grand temps que le bon sens, celui de Gaston Kelman ou de Malika Sorel-Sutter, nous délivre de celle que nous subissons.

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11 commentaires

  1. Le mot “race” qui pourrait trouver son origine dans la langue arabe, ne devrait pas être utilisé pour l’humain.
    Contrairement au monde animal où on ne dit pas qu’un chien berger des Shetland ou des Pyrénées, né à Berlin, devient pour autant un berger Allemand.

    1. Le lieu de naissance ou la nationalité n’ont aucun rapport avec l’héritage génétique. Si un blanc naît en Tanzanie, il sera peut-être Tanzanien mais pas noir pour autant. Bien sûr que les races existent aussi pour les humains, MAIS cela ne signifie PAS que certaines races sont supérieures à d’autres. Les races existent qu’on le veuille ou non, MAIS sont égales en droit, même si elle ne le sont pas toujours physiquement, car par exemple en général les noirs sont de meilleurs sprinteurs que les blancs. Si on ne hiérarchise pas les races, il n’y pas de problème.

        1. Je persiste à dire que les races n’existent pas dans l’humanité.

          Faites une greffe de foie ou autre, en provenance d’un donneur esquimau sur un pygmée, cela peut donner toutes les chances de réussite, mais d’un éléphant sur un rhinocéros…c’est pas gagné !

          1. Là, vous commettez une erreur : ce sont des espèces et non des races. Il y a des éléphants d’Asie et des éléphants d’Afrique : ce sont des races. Le Tigre et le Lion sont des races. Il y a bien des races humaines. Et l’humanité est une espèce.

  2. Il y a des différences physiques. Ainsi dans la finale du 100m hommes des jeux olympiques il y a toujours une forte majorité de noirs. Difficile de savoir s’il y a des différences intellectuelles car la culture joue évidemment un très grand rôle.

  3. Quelque soit la différence de couleur de la peau, celle du sang est la même pour tous.

    Pour les différences de performances sportives, tout cela vient de la sélection (Foot, basket, etc)

    Quant aux performances intellectuelles, n’ignorons jamais qu’à l’époque du moyen âge, beaucoup de tribus africaines nous étaient de très loin supérieures.

  4. Bon, enfin on peut s’amuser à rédiger de gracieux billets sur le sujet, mais le fait est que ça ne marche pas.

    Les baby-boomers sont des cons, voici tout ma philosophie, et elle semble largement suffisante pour se guider dans l’époque.

    1. Je croyais avoir affaire à une personne voulant débattre. La grossièreté lapidaire est toujours stupide et n’a pas sa place ici.

      1. Pour ma part, je lis toujours avec un très grand intérêt vos billets, Mr Vanneste. Vous êtes à mon avis un défenseur particulièrement pertinent et avisé du courant politique conservateur, bien peu représenté en France. Je trouve que vous êtes par vos positions très proches de ce que défend Jean-Frédéric Poisson à qui je reprocherai de bien trop arrondir les angles dans ses interventions médiatiques, par souci tactique sans doute : mais le combat politique ne se satisfait pas d’une réserve de bon aloi.
        Vous nourrissez vos analyses d’une très solide culture philosophique, mais celle-ci vous a joué des tours, malheureusement : je pense à votre mise à l’écart de l’UMP quand vous vous êtes appuyé sur l’impératif catégorique kantien (“que la maxime de mon action puisse être érigée en loi universelle”) pour critiquer le relativisme consistant à voir dans l’homosexualité une pratique moralement équivalente à l’hétérosexualité, relativisme moral qui a ouvert la voie sur le plan politique à la loi sur le mariage pour tous.
        Mais cela, comment voulez-vous qu’un énarque dépourvu de cette culture le comprenne ? Je pense bien sûr à Jean-François Coppé, à qui vous devez votre mise à l’écart particulièrement sévère et injuste à votre endroit.

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