Quand un Président n’est qu’un politicien cynique…

Pour les Français distraits qui n’en avaient pas encore pris conscience, hier, 25 Septembre, le Président de la République est apparu dans sa triste réalité, celle d’un petit politicien cynique qui n’est absolument pas à la hauteur des fonctions qu’il occupe. Certes, en apparence, il a respecté une de ses promesses, celle de reconnaître la responsabilité du gouvernement français dans l’abandon des Harkis en 1962. Que l’honneur du pays ait été engagé dans cette tragédie est une déchirante évidence. Qu’un candidat à la réélection s’essuie les pieds sur l’image de la France à quelques mois du scrutin pour grappiller des voix chez les victimes et leurs descendants est déjà assez minable, mais lorsqu’il ajoute à la responsabilité dans l’abandon, la responsabilité dans les massacres, comme si ceux-ci n’avaient pas été commis par les sbires du Fln et avec la complicité de ceux qui avaient signé les accords d’Evian, il commet une forfaiture. Est-ce étonnant de la part de celui qui a été le premier chef d’Etat français à commémorer le 19 mars, le jour de 1962 où le cessez-le-feu, loin de faire taire les armes a permis aux ex-rebelles de se livrer à toutes sortes d’exactions et de crimes à l’encontre des Français d’Algérie, Pieds-Noirs et Harkis, et des militaires du contingent quand ils en avaient l’occasion ? Des dizaines de milliers de Harkis, des milliers de Pieds-Noirs, des centaines de soldats ont été molestés, torturés, assassinés après cette date que certains veulent célébrer. Célèbre-t-on un jour de lâcheté et de trahison puisque les signataires algériens des accords d’Evian n’ont pas respecté leur engagement de ne pas se livrer à des représailles, puisque l’armée et l’administration françaises avaient reçu l’ordre indigne de ne rien faire ?

La synthèse électoraliste de François Hollande, faisant plaisir aux uns et aux autres, à chaque fois sur le dos de la France, et sans mentionner la responsabilité de ceux à qui le gouvernement français a abandonné l’Algérie, est une contradiction grossière. Commémorer le 19 Mars, c’est ignorer les meurtres et les souffrances qui ont suivi, l’exode de ceux qui avaient bâti et défendu les départements français d’Algérie. Reconnaître la responsabilité dans l’abandon des Harkis, le 25 Septembre, c’est aussi reconnaître que le 19 Mars était nul et non avenu, une date sans autre signification que la suspension unilatérale des armes pour ne laisser place qu’aux assassins. Le parti du Président, le parti socialiste, dont beaucoup de membres frétillent dès lors qu’il s’agit d’abaisser le pays et d’affirmer une préférence étrangère, a fait dès Novembre 2012, du 19 Mars, une date officielle de commémoration. Ce choix idéologique, refusé par les Anciens Combattants patriotes de l’UNC, est avant tout une condamnation de l’Algérie Française et une célébration de sa fin. Les propos scandaleux de Gaston Deferre, le maire socialiste de Marseille de l’époque demandant aux Français rapatriés de quitter au plus tôt sa ville, se situent dans le même clivage, au mépris de la solidarité nationale. J’avais pour ma part fait voter un amendement à la loi sur les rapatriés de 2005 qui stipulait dans son article 4 qu’il fallait enseigner le rôle positif de la France outre-mer et la place éminente des troupes issues de l’outre-mer dans la libération de notre pays. Ce texte, qui ne mentionnait pas l’Algérie, se voulait un texte de réconciliation embrassant à la fois les Français d’Outre-Mer et les soldats recrutés parmi les “indigènes”. Il a été voté quatre fois, a surmonté une motion socialiste, mais a été annulé par le Conseil Constitutionnel à la suite d’une action convergente du Président Chirac, du Parti Socialiste, et bien sûr de l’Algérie.

Parler de la responsabilité du gouvernement français, c’est clairement accuser le général de Gaulle. Le gaulliste que je suis n’est pas un dévot. De Gaulle a redressé deux fois la France, en 1940 et en 1958. Il avait peut-être raison en pensant que la France et l’Algérie ne pouvaient se confondre. La méthode utilisée pour les séparer, le revirement ou le mensonge, l’abandon cruel de l’Algérie et des Français d’Algérie, sont une phase de sa politique que je juge indéfendable. J’ai toujours été frappé par le fait que ses adversaires lui donnaient la meilleure part. Le général était réaliste. Il était dur. Ces deux aspects de sa personnalité lui ont fait défaut lorsqu’il s’est imaginé que les deux peuples allaient pouvoir faire la paix des braves et construire une amitié fraternelle après les combats. Les difficultés de l’immigration algérienne, le terrorisme qui lui est lié, les sifflets qui couvrent la Marseillaise lorsque les deux pays s’affrontent amicalement sur un terrain de football montrent à la fois qu’il avait raison de penser qu’il était difficile de faire vivre ensemble les deux peuples, mais aussi qu’il avait tort de croire qu’une fois séparés, ils parviendraient à une totale réconciliation. Les événements d’Algérie sont douloureux dans la mémoire de notre pays. Honorer tous ceux qui ont donné leur vie en croyant que l’Algérie devait demeurer française devrait suffire même s’ils se trompaient.

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