Le 14 Juillet… en l’absence du Roi…

images (2)Le Président Hollande croit pouvoir fêter royalement son 14 Juillet. Il pense avoir redoré son blason. Il a surtout plombé la Grèce en prétendant la sauver, écartelé l’Europe en disant la réunir, et surtout affiché un mépris de monarque à l’encontre de la démocratie. Détenteur non seulement du pouvoir, mais du savoir, il a jugé le non des Grecs incompatible avec la marche de l’Histoire. L’Europe n’a pas de marche arrière, même lorsqu’elle roule vers le précipice. L’argument de la dette culturelle de l’Europe envers la Grèce ne manque pas de saveur. Il a déjà servi pour ne pas fermer la porte de l’Europe à Platon, comme disait Giscard. Mais la Grèce d’aujourd’hui a peu à voir avec celle de Socrate, et Platon était d’ailleurs un adversaire cohérent de la démocratie et de l’égalité. Il est d’ailleurs cocasse de voir ceux qui refusent d’évoquer les valeurs chrétiennes de l’Europe et n’hésitent pas à inclure dans son patrimoine des pratiques musulmanes qui lui sont étrangères, se référer de façon incantatoire et superficielle à une tradition millénaire pour auréoler des décisions politiciennes de court terme. Car le but de Hollande n’était pas de sauver l’Europe, mais de restaurer son image en paraissant imposer son compromis à la rigueur germanique. Accessoirement, il ralliait la gauche de la gauche qui avait les yeux de Chimène pour Tsipras. Et dans le fond, il ne faisait que récidiver en bon socialiste la faute commise par les socialistes européens au pouvoir à l’époque, lorsqu’ils ont fait entrer la Grèce dans la zone euro, en fraude. Dénier toute valeur à un référendum, faire ployer un pays sous les taxes, et faire appel à l’argent public des autres pays, en l’occurrence celui de leurs dettes, pour remplir le tonneau des Danaïdes des budgets grecs, voilà bien du socialisme hérétique et relaps.

De la concubine aux menus plaisirs, la Présidence a parfois le parfum de la royauté. L’apparat qui l’entoure et les ors qui la décorent lui en donnent l’éclat apparent. Mais la monarchie avait en moyenne une dimension qui échappe à nos institutions actuelles, davantage encore depuis l’instauration du quinquennat : le temps. C’est en deux siècles que les Bourbons ont supplanté les Habsbourg d’Espagne, affaibli ceux d’Autriche, et fait de l’Allemagne une marqueterie de principautés sans poids politique. Rien n’était joué lorsque qu’avec l’indépendance américaine, le Royaume de France disputait encore la primauté mondiale à celui d’Angleterre. Le 14 Juillet 1790, dont nous célébrons aujourd’hui l’anniversaire, le peuple est réuni autour de son Roi, après les désordres de l’année précédente. La transformation de la France est en marche. La monarchie constitutionnelle est instituée, le pays rationalisé, l’égalité des droits inaugurée. La journée est organisée par La Fayette, la messe dite par Talleyrand. On connaît malheureusement la suite… Notamment, lors de la dérive jacobine, la France, selon Renan, se suicida en coupant la tête de son roi. Il y a peu, Emmanuel Macron, qui, décidément, est trop intelligent pour être socialiste, rappelait qu’à ses yeux cette tête n’avait jamais été remplacée et que ce vide était ressenti comme une frustration permanente par les Français. Ceux-ci cherchent cette figure disparue qui incarnerait le pays sans le réduire à un parti. Le dernier personnage à s’être approché du modèle est le Général de Gaulle, qui souhaitait être le Chef de l’Etat au-dessus des partis, mais qui ne l’était que pour “l’armée de ceux qui me soutiennent”, comme il l’a reconnu dans sa dernière allocution. C’est peu dire que l’actuel locataire de l’Elysée, ancien premier secrétaire du Ps, obsédé par les séquences de sa communication, et réglant ses actes sur leur bénéfice éventuel dans sa réélection, soit éloigné de combler cette absence. Il est le vide, une frustration de tous les instants pour beaucoup de Français. Il est étonnant qu’un de ses ministres puisse objectivement le reconnaître. Même si sa remarque, profonde, est de portée générale, nul doute, qu’au moins inconsciemment, la situation actuelle ne la lui ait suggérée.

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6 commentaires

  1. Finalement j’en viens à me demander si une bonne monarchie constitutionnelle ne vaudrait pas mieux que cette république qui a tous les défauts de l’Ancien Régime: courtisans, privilèges, dépenses inconsidérées, etc… sans en avoir les qualités: la pérennité, la personnalisation du pays, etc…à approfondir bien sûr.

  2. Ceux qui disent que l’Ancien Regime n’avait pas de constitution sont des menteurs. Notre royaume avait le meilleur droit public de tous les royaumes, et la solidité gouvernementale qui en decoule etait enviée par tous. Regardons ce que nous avons aujourd’hui…
    1790 n’a que jete les bases d’un regime encadré par les Parlements des possédant aux détriment des libertes publiques de tous. On sais comment ca a terminé.
    Je comprend qu’avec E. Macron et d’autres, on puisse se lamenter de la situation ds laquelle on patauge.

  3. C’est, en beaucoup mieux exprimé ce que j’ai écris aujourd’hui pour Boulevard Voltaire. Merci, cher Monsieur Vanneste, pour cet édito qui mériterait une diffusion nationale.

  4. En effet Mr Vanneste, votre article est fort pertinent et je partage votre avis sur :
    “Emmanuel Macron, qui, décidément, est trop intelligent pour être socialiste, rappelait qu’à ses yeux cette tête n’avait jamais été remplacée et que ce vide était ressenti comme une frustration permanente par les Français”, ressentant en effet violemmen le sentiment que la figure d’autorité est bien morte et remplacée par les sables mouvants d’une idéologie bien avilissante.
    Je ne vois pas ce que notre société y gagne.
    Pour ce qui est des radicelles chrétiennes, je suis un peu plus réservé quant à ce qu’elles véhiculent, quoique le pape François tente de leur redonner leurs lettres de noblesse ce que je trouve plutôt réconfortant.

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