LA FRANCE DEFIGUREE..

images (66)Cette fois-ci, çà y est ! On est devant sa télé et on se dit que la France est bien devenue le “conglomérat”, ce terme qu’avait utilisé le Ministre d’ouverture Besson pour la définir. Entre deux règlements de compte marseillais, le sacre du PSG tourne à l’émeute et le festival de Cannes offre au monde entier les images d’une panique sur un plateau où l’on tire et la nouvelle d’un “casse” retentissant. Mais la vie continue. Gaston Flosse est réélu dans un bruit de casseroles à rendre sourd et Cahuzac fulmine sa vengeance contre un Président sans doute mieux informé qu’on ne le croit. Celui-ci présente un double visage qui n’améliore guère celui du pays. Physique banal, manque de prestance, humour déplacé et parfois même air godiche le rendraient plutôt sympathique s’ils n’entamaient en même temps le désir des Français d’être fiers de celui qui les représente. Mais, Janus n’épuise pas les masques multiples de notre Président. Terne sur la scène mondiale, tout-puissant au parti qui est sa vraie patrie, le petit feu sur lequel il a mijoté sa carrière en éliminant un à un ses concurrents, apparemment d’une autorité déficiente face à ses Ministres dont le nombre épouse comme par hasard l’équilibre de sa majorité, Hollande, le Président normal qui sacrifie volontiers les intérêts de la Nation à la stratégie du pouvoir pratique avec provocation le VAE VICTIS à l’encontre de ses adversaires. On est loin de la prétendue habileté de l’ouverture à gauche de Sarkozy tellement claironnée qu’elle en devenait maladroite à force de se vouloir intelligente. Hollande, en même temps qu’il rectifie par petites touches l’idéologie économique suicidaire du programme et de l’orée de sa présidence, écrase l’ennemi conservateur, passe en force en piétinant une protestation que Chirac ou Mitterrand auraient écoutée. Il veut, par une victoire pleine de mépris pour les adversaires, rallier les partisans et cacher l’épaisse forêt des échecs, et plus encore le sous-bois des revirements qui se dessine, par l’arbre du”mariage pour tous”, planté sur son calamiteux mandat comme celui de l’abolition de la peine capitale sur celui de Mitterrand.

Faute d’arrêter le déclin du pays, il marquera d’un symbole sa décadence que le marais médiatico-bobo baptisera “progrès”. Cet évènement devrait susciter une triple crainte. D’abord celle qu’inspire le choix délibéré de la division du pays. Sans doute l’ampleur de l’indignation soulevée par la loi Taubira n’avait-elle pas été anticipée. Mais, dès la manifestation du 13 Janvier, elle était connue. Le Président, loin d’en tenir compte, l’a utilisée avec cynisme pour remobiliser ses troupes : minimisation du nombre des contestataires, stigmatisation de ceux-ci, répression brutale, policière et judiciaire, accélération de la procédure législative. Pas de quartier ! Le Président de “tous les Français” a voulu et assuré que la France du pouvoir fasse sentir à l’autre qu’elle n’était plus vraiment chez elle. Ensuite, c’est la faiblesse même de l’opposition qui doit faire naître le doute. Alors qu’un élan populaire avait soulevé du fond du pays une marée inattendue et salutaire, l’UMP s’est livrée à une tentative de récupération à la fois désordonnée et pleine d’arrière-pensées. Dans cette fosse aux serpents, il y a celle qui jubile, ceux qui en sont, ceux qui sont plutôt pour la loi, mais ne le disent pas, ceux qui pensent à l’électorat parisien, ceux qui pensent aux futures élections, ceux qui en ont profité pour jouer les vedettes. Tous, sauf peut-être Christine Boutin, ont pendant des années préparé le terrain, en entérinant le PaCS, en le dotant de tous les avantages fiscaux, en introduisant l’orientaion sexuelle dans les textes, y compris au mépris de la liberté d’expression, en s’appropriant l’emploi abusif et liberticide du mot “homophobie” et en se repliant pour finir sur un mariage au rabais, sans adoption, ni PMA, ni GPA… Qui est assez naïf pour les croire ? Une seule question à leur poser : si vous redevenez majoritaires, allez-vous abroger totalement cette loi et constitutionnaliser le mariage comme union de deux personnes de sexe différent ?

La troisième inquiétude est plus profonde. Notre pays a réagi avec une vigueur rassurante sur la santé morale de la France à un mouvement qui atteint le monde développé chrétien. Cette contagion s’explique : le christianisme a reconnu la personne digne de respect au-delà de son appartenance au groupe. Il a préparé la voie à l’individu, puis au libéralisme sociétal qui le contredit et le combat parfois à travers de multiples groupes de pression. D’Oslo à Montevideo en passant par Le Cap, le mariage “gay” s’est imposé facilement dans le sillage du libéralisme protestant ou en terrassant le conservatisme catholique. Il a été puissamment aidé par la caste qui détient le pouvoir dans ce monde, celle qui domine la communication, et cultive un nomadisme planétaire et un hédonisme sans lendemain, bref tout ce qui s’oppose à l’idée que la personne tire sa valeur unique de son enracinement dans la durée et dans le groupe dont elle est l’héritière. Etre soi, de quelque part, avoir une identité à offrir, d’abord à l’autre de l’autre sexe avec lequel on va partager sa vie pour faire naître d’autres vies, puis aux autres d’ailleurs à qui l’on aura encore quelque chose à donner en échange de ce qu’on recevra, ou disparaître dans le grand tourbillon vertigineux et confus qui accompagne la fin des civilisations les plus riches et les plus puissantes, telle est l’angoissante question qui se pose désormais.

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22 commentaires

  1. Le ministre de l’outre-mer du président normal a une lecture curieuse de l’accord du 5 mai 1998 relatif à la Nouvelle-Calédonie puisqu’il a refusé publiquement la révision de la clef de répartition financière entre les 3 provinces. Cette preuve de l’ingérence du parti socialiste dans la gestion du Nord et des Îles Loyauté est d’autant plus incompréhensible que les recettes fiscales générées par l’activité minière de la SMSP remettent en cause l’idée même d’une répartition inéquitable des dividendes de la STCPI. Il est étrange de constater qu’une personne experte et indépendante telle qu’Anne Duthilleul n’aura pas pu obtenir le détail des opérations financières ordonnées par les partis indépendantistes. Nous n’en doutons pas: le docteur Cahuzac doit avoir un avis sur cette étrangeté.

  2. Le premier paragraphe que vous citez me fait penser à cette phrase du maréchal Jean de Lattre de Tassigny qui disait : “A la Grèce, nous devons surtout notre raison logique. A Rome, nos maximes de droit et de gouvernement. Mais à l’Evangile nous devons notre idée même de l’homme. Si nous renions l’Evangile, nous sommes perdus.”

    Et le grand Chesterton était lucide en parlant de “monde rempli de valeurs chrétiennes devenues folles”.

    Quant à la remarque sur le protestantisme, j’approuve en tant que protestant : je n’ai que trop vu ces protestants désireux de se distinguer des catholiques sur les sujets de société, pour être à la page. Comme de ces catholiques qui font tout pour ne pas être confondus avec Benoît XVI (la semaine suivant son élection, un de mes enseignants, également procureur diocésain prétendait ne pas savoir qui était le cardinal Ratzinger) et adoptent des postures absolument pas chrétiennes.

  3. On n’a pas l’habitude de lire sous la plume d’un député des réflexions de ce niveau. La remarque sur le protestantisme est juste mais il faut bien comprendre l’articulation. Le protestantisme a développé un individualisme de l’homme devant Dieu à la recherche de son salut. C’est une décadence de ce protestantisme dans la culture occidental qui aboutit à un individualisme sans Dieu et donc à l’hédonisme. Ce n’est pas le protestantisme lui même qui est en cause, ni bien sûr le catholicisme.

    1. Entiérement d’accord. Le Protestantisme était d’ailleurs fondé sur une exigence éthique plus rigoureuse que le Catholicisme, mais ouvrant davantage la voie à la responsabilité individuelle, il est mal armé pour résister aux revendications individuelles alors que le Catholicisme est fondé lui sur l’idée d’une hiérarchie, d’un ordre.

      1. Au final, aujourd’hui, les pays à culture traditionnelle catholique comme l’Espagne ne réagissent pas mieux face à cette décadence que les pays de culture protestante et donc il n’est plus temps de s’accuser mutuellement. Mais le pire n’est pas sûr et peut-être que la manif pour tous est le signe d’un sursaut général même si le gouvernement s’efforce de croire et de faire croire que la page est tournée. Ce mouvement montre, pour paraphraser le titre d’un livre de G Suffert, que le cadavre du christianisme bouge encore même si ce n’est pas sous les mêmes formes qu’auparavant.

  4. Outre ses accointances historiques avec le capitalisme que des gens comme Max Weber ont exposé, le Protestantisme, éclaté en cultes parfois opposés, n’a pas de ligne doctrinale claire qui unisse ses membres. En conséquence, il a laissé le pas à des considérations secondaires, dont, en premier lieu, la morale bourgeoise.
    Il est très difficile de ne pas voir à quel point les protestants sont des acharnés de moralisme à la petite semaine.
    Or, quand on scinde le monde en “c’est bien/c’est pas bien” sans définitioon claire du “bien-pas bien”, on est mal armé contre un changement de sens de la morale. Alliée à une pseudo-charité sentimentale envers les revendications communautaristes, le moralisme bascule facilement de “c’est pas beau parce que la Bible dit que” à “c’est pas beau parce c’est inégalitaire et pas gentil”.
    C’est comme ça qu’on a vu l’Archevêque de Canterbury précédent en arriver à un plaidoyer surréaliste pour l’instauration de tribunaux de charia en Angleterre (N.B. malgré ses prétentions à une parenté avec le catholicisme, l’Anglicanisme est beaucoup plus proche du calvinisme que du Vatican).
    Sans compter, bien sûr, le nombre sans cesse grandissant d’Eglises luthériennes qui, en Europe du nord, célèbrent des mariages homosexuels, comme en Angleterre les cultes de genre Quaker se déclarent prêts à le faire.

  5. Je comprends très bien vos remarques sur le protestantisme, et je les approuve même. Voilà des années que le protestant que je suis se montre très critique envers le processus de réflexion morale des protestants, aussi bien “classiques” qu’évangéliques. J’ai d’ailleurs souvent fait la remarque que l’absence d’autorité centrale chez les protestants avait pour conséquence l’absence de magistère, et “En ce temps-là, il n’y avait point de roi en Israël et chacun faisait ce qui lui semblait bon”, ainsi que le dit le Livre des Juges.

    Les protestants méditent soi-disant leur Bible pour en tirer des préceptes, des principes de vie, mais ça va aussi dans tous les sens, sans lien sérieux parfois, et comme ça arrange. D’un côté, les libéraux au sens moral qui tordent les Ecritures pour justifier toutes les dépravations, d’un autre les gauchistes qui soutiendront le vol par l’Etat ou l’immigration au nom des Ecritures, d’un autre encore les protestants avec une morale biblique mais incapables de la défendre autrement que par “bien ou pas bien”, comme le relève Léa : ces derniers, j’en ai beaucoup connu puisque je viens du milieu évangélique, le plus conservateur des terreaux protestants mais aussi le plus fruste intellectuellement parlant : la démonstration, c’est un gros mot, il suffit de dire que la Bible a dit.

    A côté de cela, j’ai trouvé la Doctrine sociale de l’Eglise que j’apprécie vraiment, solide, établie siècle après siècle alors que les protestants croient inventer l’eau tiède tous les 20 ans. Et je ne le dis pas pour le plaisir de dénigrer le protestantisme dans une sorte de haine de soi, mais avec déception. Comment, sous prétexte que l’on est protestant, ne peut-on faire aussi sien cette fameuse DSE ? Entre ces protestants soucieux de se distinguer des catholiques, et ceux qui partagent leur morale mais refusent la DSE, on se sent mal à l’aise dans la nébuleuse protestante.

    Alors que dire de ces évangéliques (pas tous, mais j’en ai connu plusiers) qui croient que tout ce qui leur passe par la tête est une révélation divine et balancent des anathèmes à la face de ceux qui ne pensent pas comme eux, que ce soit dans la démonstration ou dans l’idée défendue ? Ce sont les mêmes qui dénoncent le dogme de l’Infaillibité pontificale alors qu’eux-mêmes se sentent infaillibles ? Toute la morale ne s’évaluant que par leur petite perception du monde, et sans réelle confrontation féconde, ils sont privés des ors de la pensée catholique. Tout ou tard, nombre d’entre eux finissent chez les gauchistes en réaction à ceux qui sont conservateurs sans avoir développé leur position.

    Pour ma part, j’ai considéré de bout en bout que Benoît XVI a été une vraie bénédiction pour le monde chrétien, le monde en général, au point que je me surprends parfois à dire que “Nous avons eu un Pape extraordinaire !” tant je suis encore ébahi d’avoir eu la chance de voir évoluer ce pasteur. Il m’a beaucoup apporté et je ressens beaucoup d’émotion quand je le vois encore ou lis ses ouvrages (dernièrement “Le sel de la Terre…”) Si les protestants avaient eu une autorité centrale comme Benoît XVI… Mais voilà, non seulement ils ne l’ont pas, mais sont en plus intellectuellement paresseux, se contentant soit d’aller dans le sens du vent, soit de citer la Bible sans rien démontrer.

    J’ai bien travaillé à informer les protestants, leur apprendre à aller plus loin que le simple “bien/pas bien”, c’est difficile. Et le drame, c’est que croyant tout savoir, ils ne sont intellectuellement pas armés pour affronter la rhétorique subversive et soit se radicalisent toujours sans savoir débattre soit dévient.

    Pour finir, j’ai animé le second site protestant (évangélique) francophone, blogdei, il y a plusieurs années, et j’en ai dénoncé le fanatisme et les manipulations : découvrant avec stupeur que tel de mes articles contenait une photo du jeune Ratzinger en tenue nazie alors que cela n’avait rien à voir avec le sujet, photo ajoutée par le webmester, j’ai éprouvé au fil du temps un vrai dégoût pour les méthodes très peu éthiques de certains évangéliques (mentir sur les cathos et les censurer quand ils venaient se défendre, ce contre quoi j’ai gueulé à plusieurs reprises !). Tout était bon pour dénigrer le Pape, à tel point que j’ai claqué la porte du site (diverses raisons m’y ont conduit, mais cette cathophobie particulièrement) Il ne faut pas s’étonner de voir que 13% des évangéliques français ont préféré ne pas se prononcer contre le mariage homo : pour certains d’entre eux, pas question de s’associer aux cathos en s’opposant au texte de Taubira.

    En bref, dépourvus d’autorité centrale et se voulant plus exigeants au niveau de l’éthique que les catholiques, les protestants vont aussi bien dans le gauchisme, se prenant pour des sauveurs du monde, se croyant investis d’une mission humaniste en se référant à une prétendue tradition protestante pro-minorités, qu’ils se positionnent sur des sièges de radicalisme biblique, incapables d’argumenter autrement que par “La Bible dit que c’est pas bien/bien”, sans regarder les choses dans leur contexte, sans faire l’effort d’élaborer une réflexion à partir d’un verset. Plusieurs de mes amis à qui j’ai fait découvrir la pensée de Benoît XVI le constatent désormais : “Si l’on avait pas les catholiques, la situation morale serait encore pire, on ne peut pas compter sur les protestants…”

  6. Au risque de squatter indûment la section commentaires du blog de Mr Vanneste, Jean, je vous remercie de votre droiture intellectuelle et des explications que vous venez de nous offrir.
    Précisément, j’ai rencontré un protestant à la dernière manif, un garçon charmant au demeurant, mais qui prononce le mot Bible toutes les deux phrases. Chez lui, ça ressemble à un véritable blocage : impossible de l’amener plus loin. On dirait une personne qui aurait peur de se noyer et qui se raccroche à la Bible comme à une bouée de sauvetage… c’est très étrange à observer, et ça confirme tout ce que vous dites.

  7. Je précise, mais je pense que vous l’aurez compris, que mes amis qui admettent que sans les catholiques la situation serait pire, sont évangéliques. J’ai des amis évangéliques qui ont été choqués quand je leur ai révélé avoir été témoin de manipulations pour discréditer les catholiques et le catholicisme. Et ces amis ont un vrai respect pour Benoît XVI depuis que je la leur ai fait découvrir… Mais des gens réagissant comme le chien de Pavlov dès qu’ils entendent “catholique”, j’en connais malheureusement aussi plusieurs… Et pour conclure sur l’exemple de ce jeune que vous citez, je dirai que le principe de pétition est une méthode argumentative que je n’ai que trop trouvée chez certains protestants, et au final s’ils ne se radicalisent pas, ils sont ébranlés.

    La démonstration de Bernard Mitjavile et Christian Vanneste rappelle bien que l’individualisme, c’est neutre en soi. Malheureusement, c’est souvent un vrai gâchis, il suffit de voir de nombreux pays protestants : Fennoscandie ou Pays-Bas. Je ne demande pas de pape pour les protestants mais je constate que l’individualisme fondé sur le présupposé que chacun va sonder les Ecritures, chercher la quintessence de la Bible, est naïf. Et ce n’est pas nouveau, déjà sous Hitler, les protestants ont eu bien moins de discernement que les catholiques, les scores électoraux des nazis dans les régions catholiques sont parlantes.

    Et ça se poursuit aujourd’hui, avec toutes ces dérives sociétales acceptées au nom de la Bible qu’on ne connaît pas : un jour, FOG demandait au protestant Rocard si la Bible disait quelque chose sur le racisme, il n’en savait rien ; le catholique Villiers également invité a été capable de citer l’épître aux Galates (3:28) “Il n’y a plus ni Juif ni Grec… en Christ.”

    Concernant les deux premières parties de l’article de M. Vanneste, le patriote que je suis pleure sur la mollesse de mes concitoyens et contemporains. Incapables de se forger une opinion solide face aux mensonges des médias : ils sentent parfois qu’on leur raconte n’importe quoi, mais finissent par gober les contre-vérités, avaler la manipulation. Et ceux qui ne sont pas dupes tombent parfois, si ce n’est souvent, dans le piège des mots pour éviter la diabolisation, par exemple Frigide Bardot, que je remercie pour sa bonne volonté, mais qui abuse du terme “homophobie” pour montrer qu’elle n’en est pas une. Et maintenant, elle défend un CUC… glissement prévisible quand on veut donner des gages à ceux qui dictent la distinction entre le Bien et le Mal.

    Au final, c’est d’un vrai réarmement moral que la droite, mais aussi le peuple français a besoin, qui passe par l’acquisition de diverses munitions, et ça commence dès le CP, avec les méthodes de lecture, je crois, quand je regarde l’incapacité des jeunes à élaborer une pensée abstraite. Le drame, ce n’est pas que, foncièrement, les Français seraient d’accord avec le Mal, eux qui démontrent encore souvent leur grande générosité, leur altruisme, c’est qu’ils ne sont même plus armés intellectuellement par l’école, et moralement par les parents, le curé, le pasteur, pour voir que ce qu’on appelle bien est parfois, de plus en plus, le mal. C’est presqu’un autre débat.

  8. Je vois quelques petites fautes d’accord que l’on me pardonnera volontiers, je n’en doute pas, écrivant sans brouillon. 🙂

  9. Ayant deux enfants de 12 ET 14 ans, combien je suis d’accord avec vous ! Il est très difficile d’introduire un coin dans la matière compacte et opaque de la propagande scolaire et du conformisme ambiant . C’est comme si certaines données de base, liées sans doute à l’apprentissage de la langue, faisaientt défaut … Quasiment aucune dictée ni rédaction en classe ! Je leur fait donc travailler celà à la maison ….
    Merci au passage pour les analyses fines de Monsieur Vanneste, c’est un vrai bonheur !!

  10. Pardon, M’sieur Vanneste, je n’ai aucun autre moyen de communiquer avec Jean que vos colonnes, et il soulève des points si intéressants…

    Jean, vous dites “Mais des gens réagissant comme le chien de Pavlov dès qu’ils entendent « catholique », j’en connais malheureusement aussi plusieurs…”

    J’ai également noté des haines suspectes. Pas chez les Protestants français, que j’avoue très mal connaître, mais chez des Américains qui se mettent positivement à écumer à la simple mention du mot “pape”. On en a peur pour leur équilibre mental, qu’on devine au mieux vacillant.
    Je me demandais à quel point la doctrine elle-même peut induire des états pré-psychotiques… non pas que j’accuse le Protestantisme d’être pathogène, mais le nombre seul de ceux qu’aux USA, on nomme les “religious nuts” (les cinglés religieux) pose la question.
    Ajoutons-y une statistique : selon l’hôpital Kfar Shaul de Jérusalem, 97% des victimes du syndrome de Jérusalem (ces touristes qui font une bouffée délirante à leur arrivée en Israël et se prennent pour Jésus, Marie, Moïse,etc) sont protestantes.

    D’après vous, Jean, à quoi est-ce que cela peut être dû ? Et merci pour ce débat avec, encore une fois, toutes mes excuses à Christian Vanneste.

    1. Je ne sais pas si les protestants américains sont plus cathophobes que ceux de France, mais en ce qui concerne spécifiquement les évangéliques, il y a une vraie paranoïa de certains quant aux catholiques, surtout au Pape. Pour beaucoup, le Pape, c’est même l’Antéchrist himself, et il n’y a aucune sincérité en lui ; il serait d’ailleurs hautement possédé (accusations d’une certaine Michelle d’Astier de la Vigerie dont les écrits inondent la blogosphère évangélique, ou encore) ! J’avais d’ailleurs ironisé à ce sujet quand Benoît XVI avait annoncé renoncer à sa charge, en disant que certains devraient désormais dire que l’Antéchrist abandonnait de lui-même son siège. Le psychique n’est jamais loin du spirituel, et certains baignent dans des délires plus sidérants, au sens étymologique, les uns que les autres, notamment quand le Pape est concerné. Des sites évangéliques extrémistes, vous en trouverez un paquet sur Internet, et je m’y suis souvent fait traiter de faux chrétien parce que les “Dieu m’a dit” ne me convainquaient pas.

      Sur des sites de ce genre, on trouve de tout : la prétendue démonologie, les prétendues révélations divines, l’incapacité à débattre sans se jeter des excommunications à la face, la numérologie biblique (Bible et Nombres en est l’exemple le plus terrifiant), bien sûr l’anticatholicisme le plus virulent (moi qui y défendais Benoît XVI ou Pie XII, je passais pour un suppôt du diable, mes démonstrations étant balayées du revers de la main !) ou encore, pour en venir au second point, une certaine judéolâtrie.

      J’aime Israël, et je dirai même que ce pays a ma préférence dans le conflit l’opposant aux pays musulmans. Mais de là à le vénérer… de là à l’aimer plus que ma France… Certains doivent même l’adorer plus que Dieu : une de mes amies hyper sioniste, en est venue à rejeter la divinité de Jésus parce que les catholiques l’admettent, et parce qu’elle se sent aussi en communion avec les juifs martyrisés par les méchants catholiques… Sans en arriver là, Israël, c’est spécial pour certains, un moyen de promotion spirituelle, je suppose : certains de ceux qui y vont, se sentent peut-être spéciaux, comme s’ils marchaient sur l’eau. Comme si un footballeur venant de marquer un but se sentait invincible et se jetait du toit d’un immeuble de quelques étages : le discernement est aboli, ils se sentent uniques, comme Armstrong venant de fouler la Lune. Peu importe que des centaines de milliers d’autres les aient précédés, seul compte leur premier pas sur la terre d’Israël. C’est humain, chaque nouveau parent se sent unique peut-être, mais quand ça confine au délire spirituel, en réalité psychologique, c’est autrement plus grave.

      Comme si en quelques heures, ils recevaient toutes les révélations divines compilées pour tous les siècles. Ils doivent être comme ces charismatiques très exubérants de style Toronto qui tombent à terre soi-disant renversés par le Saint Esprit et finissent en psychiatrie. Je pense qu’il y a aussi une grande part d’auto-persuasion dans ces victimes du syndrome de Jérusalem… Maintenant, si 97% de ces cas concernent des protestants, combien de protestants visitant Israël sont concernés par ces cas, c’est une autre question à laquelle je ne saurais répondre…

      Et pour revenir au sujet de l’article, j’avoue que je suis parfois embarrassé quand de tels croyants prennent la parole pour critiquer les revendications homosexualistes, car elles font plus de tort que de bien à la cause qu’elles soutiennent avec leur incapacité à argumenter.

  11. Jean, vous écrivez, “Le drame, ce n’est pas que, foncièrement, les Français seraient d’accord avec le Mal, eux qui démontrent encore souvent leur grande générosité, leur altruisme, c’est qu’ils ne sont même plus armés intellectuellement par l’école, et moralement par les parents, le curé, le pasteur, pour voir que ce qu’on appelle bien est parfois, de plus en plus, le mal.”

    Oui, et le drame tient en deux mots : d’une part le conformisme, une maladie contagieuse qui pousse à confondre “le bien” avec la volonté d’une masse manipulée par des puissants – comme vous l’avez noté à propos des scores d’Hitler, on l’a vu à chaque montée historique des “ismes” les plus meurtriers -, et de l’autre, un faux altruisme qui n’est que de l’égoïsme déguisé. Quand ils disent “moi, hétérosexuel, je veux que les gens de même sexe puissent se marier”, ils sont en train de dire “je ne veux pas que qui que ce soit m’interdise, à moi, mes petits plaisirs personnels”. Il n’y a pas d’empathie dans leur démarche, parce qu’ils ne se projettent PAS dans l’autre. C’est une exigence narcissique qui va parfois jusqu’au sacrifice assumé des autres. J’en veux pour preuve la conversation que j’ai eue avec un pro-mariage pour tous qui me disait être parfaitement conscient des dégâts que le mariage homosexuel allait faire chez les enfants, mais être “trop attaché à la liberté pour ne pas le soutenir”.
    C’est bien de triomphe du “moi je” qu’il s’agit et non de gentillesse. Le pire étant qu’ils se croient bons, généreux et altruistes…

    1. En fait, je ne dis pas que les Français sont foncièrement bons, mais qu’ils ne sont pas foncièrement mauvais. Sur de nombreux points, ils sont incapables de discerner le Bien du Mal, mais ils ont encore un certain sens de la générosité, de l’altruisme, et là je ne pense pas à la soi-disant ouverture d’esprit, mais à des élans du cœur face à des drames. Tous les peuples en sont capables, les Français pas moins… (Difficile ensuite d’en connaître les profondes motivations, si leurs impératifs sont catégoriques ou hypothétiques pour reprendre la distinction kantienne, par exemple si c’est pour se sentir bien et non pour aider par réelle bienveillance). Et ces gens qui ont plutôt un bon fond, le drame c’est qu’on s’en sert aussi pour leur faire admettre n’importe quoi en le présentant comme bon.

      Je ne sais pas si vous avez vu le film “Les vestiges du jour” : un lord collabore avec les Allemands à la veille de la Seconde Guerre mondiale, et son fils s’exclame que c’est horrible de le voir agir ainsi animés par de nobles sentiments. Nous sommes quelque peu dans cette situation.

      Intéressés, peut-être… et je pense comme vous que le libéralisme moral prend aussi les habits de l’altruisme. Et il est facile d’être généreux quand donner ne vide pas sa poche : aucun ne voudrait peut-être voir ses enfants adoptés par un couple homosexuel s’il venait à décéder ainsi que son conjoint.

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