Le Choc de Conscience.

Le consensus est rare : tout le monde est d’accord : la France est malade. Elle a besoin d’une thérapie de choc. Mais, quand il s’agit de savoir quel choc, les avis divergent. La compétitivité réclamée, hélas, bien tardivement à droite, effarouche une gauche toujours aussi allergique à l’idée que la richesse des Nations passe par l’activité économique et celle-ci par les entreprises, leur capacité à investir mais aussi à rémunérer leurs actionnaires. La dépense publique est un frein plus qu’un accélérateur, surtout lorsqu’elle privilégie le fonctionnement plus que les équipements. Le travail doit être mieux rémunéré mais son coût doit baisser, ce qui suppose d’abord une baisse des charges et un transfert du financement de la protection sociale sur la consommation. Les socialistes et leurs alliés avaient préféré imposer à la France un choc fiscal de 30 Milliards, synthèse calamiteuse du slogan idéologique suivant lequel il faut faire payer les riches et de l’impératif comptable qui exige qu’on diminue les déficits et la dette. Les riches peuvent partir, exporter leurs talents plutôt que leurs produits et l’impôt tuant l’impôt, un tel matraquage risquait d’engendrer une véritable asthénie de l’activité.

Il fallait donc rectifier le tir. Une fois de plus, la majorité de gauche n’avait rien préparé ni anticipé et s’est retrouvée engluée dans le marais de ses propositions de campagne face aux réalités économiques. Il fallait ainsi un évènement qui puisse justifier un revirement fondé sur une aussi tardive lucidité. Le rapport Gallois est chargé d’opérer la catharsis. Les 22 mesures préconisées ont bien pour but de redresser la compétitivité des entreprises en saupoudrant ce choc libéral, avec ses 20 Milliards de baisse des cotisations patronales, d’un “nouveau pacte social”, concession sémantique et idéologique à la majorité. Un certain nombre des mesures proposées devront être mises en oeuvre afin de ne pas enrayer dés le départ le choc de confiance suscité par un plan soutenu globalement pat le patronat et par l’opposition. La majorité n’aura guère le choix.

On peut toutefois, dès maintenant, regretter trois choses. Personne ne pourra oublier le flottement et les allers-retours du gouvernement. Il aura immédiatement annulé la TVA sociale prévue par l’exécutif précédent et il augmenterait à nouveau celle-ci ? Les tiraillements des idéologues intransigeants de l’extrême-gauche et des prétendus écologistes pourront devenir un dangereux écartèlement. L’absurde blocage de la recherche au nom des exigences des intégristes verts a de nouveau gagné : le gouvernement a déjà annoncé qu’il ne donnerait pas suite à la proposition de reprendre les recherches sur le gaz de schiste. Surtout, l’ensemble des mesures risque par sa diversité et par sa propension à l’équilibre de ne pas avoir la force d’impact nécessaire au choc. La TVA sociale devait essentiellement porter sur le taux normal et favoriser ainsi la compétitivité de nos produits industriels. L’augmentation de 0,4 % paraît bien insuffisante. La hausse des taux intermédiaires qui touchera la restauration et la construction risque au contraire de pénaliser l’emploi sans le moindre impact sur le déficit du commerce extérieur. Les mesures, loin de laisser les entrepreneurs libres, vont faire peser sur eux de nouvelles contraintes. D’abord, il y aura l’incertitude sur la pérennité du dispositif dans un pays qui ne cesse de changer la donne fiscale et administrative. Ensuite la complexité des seuils et le caractère octroyé des aides ou des crédits d’impôts accentuera le Mal Français par excellence, cette société de méfiance qui pense que seule une économie administrée peut être vertueuse. Enfin, globalement les DEUX gouvernements successifs ont prélevé 20 Milliards supplémentaires sur les entreprises. On les rendrait. Est-ce suffisant pour créer un choc ? Je ne le pense pas. Je crois cependant que le débat autour de ce rapport aura le grand mérite d’aider à la prise de conscience des Français sur la réalité économique. C’est donc bien un choc de conscience !

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Un commentaire

  1. Le grand reproche qu’on peut faire à ce rapport, c’est son inspiration étatiste. La compétitivité doit passer par des Commissariats, agences et autres banques PUBLIQUES. Rien sur l’impérieuse nécessité de réduire l’Etat et son coût et de favoriser les libertés économiques.
    Nous restons avec notre Etat hypertrophié, source de notre déclin. Rien sur la médiocre compétitivité… de l’Etat!
    Même si ce rapport est suivi d’effet, le redressement ne sera pas atteint. C’est un coup pour rien.

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