Les Chrétiens, indispensables à l’évolution démocratique du Moyen-Orient

Pendant l'intervention de SB. Gregorios III, Patriarche Melkite

Les 18, 19 et 20 Novembre 2011, s’est déroulée à l’Université du Saint Esprit de Kaslik, près de Beyrouth, la Conférence Parlementaire sur l’avenir des Chrétiens du Moyen-Orient, organisée par le Parlement Européen. J’ai souhaité répondre favorablement à l’invitation dans la mesure où cette question me préoccupe, comme en a témoigné la question d’actualité que j’ai posée le 12 octobre dernier à l’Assemblée Nationale.

Outre les représentants du parlement européen, ont participé à ces rencontres des parlementaires libanais, irakiens et des responsables des différentes religions présentes dans la région, avec une présence particulière de personnalités venant d’Egypte, d’Irak et de Syrie. On se souvient qu’il y a au Liban dix-huit confessions différentes qui sont implantées également dans l’ensemble du Moyen-Orient, auxquelles s’ajoutent les Coptes, qui ont eu l’occasion d’exprimer leurs inquiétudes et leurs espoirs quant à l’avenir de la situation politique en Egypte.

La plupart des interventions ont été convergentes. Le printemps arabe soulève de grandes inquiétudes dans les communautés chrétiennes. Si celles-ci s’accordent à y voir un mouvement salutaire à l’origine, elles demeurent perplexes devant l’optimisme occidental, et français en particulier, sur le changement de régime. Beaucoup en effet pensent que celui-ci peut aller dans un sens contraire à la liberté religieuse et au maintien des Chrétiens dans la région alors que c’est justement ce maintien qui est propre à garantir l’évolution vers la démocratie dans le respect des différences et de la liberté religieuse. Le Liban est une exception dans la mesure où il n’y a, dans le fond, dans ce pays que des minorités, et l’on doit souhaiter que l’avenir politique de la région intègre ce respect des différentes confessions religieuses, même lorsque celles-ci ne représentent qu’une faible partie de la population. La situation en Irak est de ce point de vue la plus préoccupante puisque les communautés assyriennes et chaldéennes sont passées de 1.500.000 membres à 400.000 depuis l’intervention américaine.

Les Chrétiens, présents dans cette région du monde bien avant les Musulmans, dès la naissance du christianisme, ne souhaitent évidemment pas être confondus avec l’Europe ou l’Occident, mais ils sont parfois déçus par les positions politiques occidentales qui semblent davantage préoccupées de l’avenir d’Israël ou des relations avec les Pays du Golfe que de la sécurité des communautés chrétiennes. Ils souhaiteraient que les gouvernements occidentaux fixent clairement des limites à ne pas dépasser dans la remise en cause de la liberté religieuse et du respect des minorités. Des nuances existent quant à la manière de fixer ces limites. Pour le patriarche melkite d’Antioche, d’Alexandrie et de Jérusalem par exemple, la charia n’est pas en soi un problème dans la mesure où sa mise en pratique peut être plus ou moins souple et sujette à des interprétations diverses. Ce sont les pratiques plus que les déclarations qui sensibilisent en général les communautés chrétiennes. Il apparaît que si les interventions politiques sont toujours dangereuses, le soutien implicite, mais réel à l’ensemble des réseaux et des institutions qui maintiennent les chrétiens dans cette région du monde est le moyen le plus efficace de faire en sorte que la vague d’immigration soit endiguée. Ce sont en effet les institutions d’enseignement, de soin, de développement économique ou culturel qui sont les plus à même de permettre aux Chrétiens de demeurer là où ils sont et même d’y jouer un rôle plus important que leur nombre. C’est nettement le cas au Liban où les établissements scolaires ou hospitaliers tenus notamment par les ordres religieux et les congrégations procurent aux Chrétiens un rayonnement sur l’ensemble de la population. En revanche, le départ des Chrétiens irakiens vers le Kurdistan paraît hélas une première étape vers la disparition de communautés millénaires. Il parait donc essentiel que la France insiste sur le lien entre le respect des minorités et la marche vers la Démocratie.

Par ailleurs, j’ai eu l’occasion de rencontrer un certain nombre de responsables politiques libanais : le Président Sleiman, le Général Aoun, Samir Geagea, en juin, et durant le week end dernier le Président Gemayel et son fils le Député Samy Gemayel, un Ministre membre du hezbollah, Haj HASSAN Houssein, un ancien Ministre de l’Intérieur Haddad Baroud. J’ai enfin eu des entretiens avec le patriarche maronite Bechara Raï et l’archevêque maronite de Beyrouth ainsi qu’avec le Mufti de Tripoli et le Catholicos arménien, et j’ai échangé aussi au cours de la conférence avec des autorités religieuses syriaques, melkites, et catholiques.

La facilité avec laquelle j’ai obtenu ces rencontres montre que beaucoup attendent un engagement plus fort de notre pays. Le soutien à l’entrée de la Palestine à l’UNESCO a été apprécié dans la mesure où le conflit israélo-palestinien est souvent jugé comme la cause principale de la déstabilisation de cette région et comme l’origine indirecte de la menace qui pèse sur les communautés chrétiennes.

Il est donc primordial que les pays européens, et la France en particulier, se mobilisent pour assurer à ces communautés qui sont à l’origine des valeurs européennes et qui garantissent aussi l’avenir démocratique du Moyen-Orient non seulement leur maintien dans la région mais aussi la préservation de leur liberté de penser, d’expression et de culte.

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4 commentaires

  1. La question est : ces États islamiques et asiatiques du Moyen-Orient accepteront-ils cette évolution démocratique — ou au minimum républicaine — de leurs sociétés ?

  2. Monsieur Vanneste comment voulez vous qu’un pays qui tolère et subventionne des spectacles à vomir et christianophobes se préoccupe du problème des chrétiens du Moyen Orient ? Comment un gouvernement incapable de faire respecter les chrétiens dans leur propre pays , peut être sensibilisé à ceux des autres pays?

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