David CAMERON contre l’effondrement moral

Le Premier Ministre britannique désigne l’effondrement moral comme la cause principale des émeutes violentes qui ont dévasté certains quartiers de Londres et de grandes villes anglaises.

J’avoue être sensible au ton typiquement anglais et conservateur de son discours. On peut le résumer : « ça va être dur, on va être dur, mais on va gagner ». C’est dans la lignée du Churchill promettant « du sang, de la sueur et des larmes », ou de l’inflexible Maggy.

Au cours d’un débat avec Monsieur Stéphane LHOMME (RMC : 16/08 – Carrément Brunet), j’ai défendu le point de vue de David CAMERON. Ca n’est pas facile tant l’idéologie française est éloignée de celle qui règne au Royaume-Uni. Là-bas, il est normal de considérer qu’un casseur est avant tout responsable de ses actes et doit en rendre compte. Chez nous, c’est paradoxalement « Big Mother » qui l’emporte encore. Si des jeunes cassent, c’est parce que la société nourricière n’a pas été assez généreuse avec eux. Le vol, la violence, l’incendie volontaire sont l’expression d’une révolte contre l’injustice. En Grande-Bretagne c’est la violence de membres de gangs qui ont saisi une opportunité pour exprimer leur absence de respect des valeurs et des lois, et qui doivent être punis pour cela.

En Grande-Bretagne le coupable est bien le coupable. En France c’est une victime des vrais coupables que sont les riches ou les responsables politiques. Ce sont là les conséquences opposées d’une révolution réaliste, celle des anglais et du mythe révolutionnaire qui nous a fait tellement de tort depuis tellement longtemps.

Les solutions proposées par David CAMERON sont réalistes : tolérance zéro pour les auteurs, restauration de l’autorité par l’éducation et l’engagement collectif au sein du service civique à l’anglaise. David CAMERON a parfaitement compris qu’il faut restaurer l’autorité « paternelle », celle qui s’exprime par le commandement et non par une trop complaisante affection. Monsieur LHOMME s’est contenté d’utiliser deux cordes sensibles, celle de la solidarité « partageuse » et celle de la peur. Entre l’utopie bisounours qu’il promet, faite de plus de dépenses, de distribution et de prélèvements, sans le moindre effet et l’enfer concentrationnaire qu’il croit voir poindre dans les propos de David CAMERON, il y a place pour une réponse qui prend en compte la restauration d’une autorité légitime, celle qui est indispensable à toute République, c’est-à-dire à toute communauté de citoyens qui obéissent aux lois, parce que ces lois sont les leurs.

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6 commentaires

  1. Quelques observations :

    -Tout d’abord, un débat très intéressant. J’ai beaucoup apprécié votre intervention comme celle de votre collègue, même si j’ai été déçu de la facilité avec laquelle vous êtes (l’un et l’autre) retombés dans la politique politicienne à deux balles. Vous en ironisant sur ses convictions et son parti politique, lui en comparant les solutions de CAMERON à des camps.

    **Il est chez Europe Ecologie les Verts. Vous êtes à l’UMP. Et alors ? On ne peut pas prôner, M. VANNESTE, l’unité de la Société, quand deux élus nationaux, faisant parti de la même Assemblée, brandisse leur parti comme d’autres leur ethnie ou leur race !

    **Vous trouvez son soutien à Danton – un homme qui ne se limite pas à un coupeur de tête ! – fâcheux ; il a eu la courtoisie de ne pas vous rétorquer que votre parti est main dans la main avec d’autres partisans de la peine de mort (le parti unique chinois) et que Danton étant un homme de son temps, y était forcément favorable ! Ne serait ce que parce que la guillotine était considérée comme plus propre que l’écartèlement et moins douloureuse que la question et autres délicatesses ! Danton, au reste – comme l’ensemble des Français – était un patriote, vivant dans un monde dangereux et potentiellement peuplé de traîtres en puissance. Il n’avait rien de « l’ami du Peuple » qui lui tapait des listes de postulants à la Sainte Guillotine…! De la même manière qu’on ne peut se prononcer sur son propre comportement en 1420, 1940, parce que ces périodes ont créé de puissants dilemmes dans l’esprit des Français, on ne peut prétendre juger (en totalité) ceux qui ont dans le même temps, souvent soutenus la DDHC tout en préconisant la Terreur, souvent fait acte de courage en tant que simple citoyen et fait preuve d’une couardise ou faiblesse affligeante une fois en poste ! Je songe, par ex, aux députés qui ont courageusement demandé à Louis XVI la réunion des Etats et qui par la suite ont adhéré par lâcheté à la loi des suspects.

    -Je partage tout à fait votre point de vue concernant l’économie : celle ci ne soulève pas la Société. Elle peut avoir une incidence en terme de conséquences mais ce n’est, généralement, pas l’élément déclencheur. Une simple relecture de notre Histoire nationale le confirme d’ailleurs. Deux des éléments les plus motivants – si l’on peut dire ainsi les choses – d’une révolte, c’est la peur et le sentiment d’injustice. C’est la peur qui va déclencher la Terreur. (La peur d’être trahi, la peur d’être victime, la peur de se voir punir) C’est la peur qui va faire partir les révolutionnaires aux Tuileries pour s’emparer de la personne du roi. C’est la peur qui va précipiter le Serment du Jeu de Paume et ses suites. C’est l’injustice qui va inciter les jacqueries, c’est l’injustice qui va provoquer la haine de la reine Marie Antoinette. C’est l’injustice qui va faire sauter la Société d’Ancien Régime.

    Les révoltes londoniennes ne sont, cependant pas, pour moi, à réduire à l’état de simple responsabilité personnelle. La révolte est un fait collectif avant d’être personnel, le moyen de se révolter est (en revanche) personnel et c’est lui qui conditionne l’acceptabilité de la révolte. En d’autres termes, si la destruction gratuite est effectivement condamnable, la révolte l’est elle, elle ?

    En 1789, il s’est produit un événement particulier, qui a fait flores dans toute la France : la Grande Peur. Celle ci a généré un mouvement des citoyens, qui (quelque part) de manière préventive, se sont protégés…En attaquant les châteaux, en allant chercher le roi à Versailles, en prenant les bastilles du Royaume, en brûlant des éléments symboliques (les droits seigneuriaux par ex)

    Des actes de violence dictés (donc) par la peur au premier chef, qui ont eu pour conséquence des brutalités envers les aristocrates (la « lanterne »), des incendies, des morts et bien sur – dans ce cortège – des viols, des saccages, des vols.

    En 1658, la Fronde. Des jacqueries dans tout le Royaume. Des violences gratuites, des boulangers agressés (à cause du prix du pain) et une défiance généralisée envers un certain MAZARIN.

    A ces époques, on ne peut pas franchement dire que les citoyens étaient déboussolés, manquaient de patriotisme. Ils avaient, par ailleurs, un père de tutelle en la personne du roi. Lequel faisait l’objet d’un culte (même compensé par une légereté française) que jamais nous ne serions en capacité de comprendre, même si la lecture des Entrées ou du voyage de Cherbourg en 1788 de Louis XVI, nous aide à imaginer ce dernier.

    Pourtant, ces révoltes, ces Révolutions, ont existé. Et elles n’étaient pas que le fait de nobles suffisamment doués en manipulation ou de la franc maçonnerie. Ces « émotions populaires » comme on nommait alors la révolte des sujets, étaient réduites à des faits isolés, à des sortes de boutades de l’opinion envers son roi ! Alors que, bien souvent, les Français cherchaient le secours de leur roi pour résoudre des problèmes suscitant son attention.

    En cela, M. L’HOMME a raison de dénoncer une certaine facilité dans les propositions de M. CAMERON ou les vôtres. Ce qu’il dit – même s’il y met un coté politicien détestable – est vraiment intéressant quand il dit que le simple rappel de l’autorité n’est pas suffisant, qu’il ne suffit pas de formater les révoltés. Louis XVI a fait l’erreur de croire que son Peuple était pris d’une lubie ! Faute d’arriver à lui faire désaimer ces fichus philosophes des Lumières…Il a envoyé l’armée, pensant sans doute qu’une démonstration de force saurait faire plier ceux demandant le rappel de NECKER (qui a sa place dans le palmarès national au titre de « seul Ministre des Finances ayant eu le soutien des Français au point de forcer son retour ») et donc (par lui) la fin de la Société d’Ancien Régime. Le résultat on le connaît…C’est devenu le jour de notre fête nationale !

    Tant mieux pour nous…Mais si Louis XVI avait reçu les Etats au lieu de faire bouillir le pays, contraignant son Peuple à prendre le parti de l’Assemblée contre le roi (contrôlé par la reine et sa clique), s’il avait quelque part donné des gages qu’il serait ce Louis réformateur que les Français souhaitaient, arbitre au dessus des partis, sans doute aurait il gardé sa tête !

    Pour moi, vous avez donc tous les deux, raison et tort ensemble.

    -Je vous suis également quand vous dites que les citoyens sont d’abord liés par la Loi. Au sens de texte général qui uni une communauté d’individus qui se retrouve en elle pour former une Société. Par la LOI…Pas par un régime politique en revanche. Il est normal de demander à des citoyens d’aimer la France. Exiger la pareille envers un gouvernement (République, Monarchie, Empire) est inadmissible par contre. Victor Hugo aimait notre pays. Il détestait Napoléon le Petit. Il n’a pas fait de révolte au sens émeutier, mais sa plume, elle, lui a servi de moyen de révolte.

    Par contre, M. VANNESTE…Je voudrais vous rappeler une chose très importante : les citoyens sont tenus de respecter la Loi (en France) UNIQUEMENT si celle ci est conforme à la définition qu’en donne la DDHC…ET SI notre pays a une Constitution. Autrement dit – comme le dit explicitement l’article 16 qui a été repris en language plus courant dans la Constitution de 1793 – les actes d’un Gouvernement (ou d’un gouvernement : République, Monarchie, etc.) ne valent que si, et seulement si, les nommés et élus ne commettent pas d’actes arbitraires. Le citoyen, comme le dit la DDHC, doit se rendre à la LOI…MAIS doit dénoncer tout acte arbitraire, qui serait une manifestation de l’oubli, du mépris, ou de l’ignorance des droits de l’Homme et du Citoyen.

    Si je prends un ex récent, l’accord du 21 juillet 2011 que M. FILLON compte vous faire voter en septembre en ILLEGAL. Parce qu’il viole un traité européen, Lisbonne en la circonstance. Dès lors, toute pseudo loi dérivant d’une décision arbitraire, ne peut être que contestable et contestée. Et ceux qui s’opposent à cet accord ne sont pas des émeutiers, des insurgés, mais des citoyens confrontés à ce que nos ancêtres appelaient – à raison car celle ci prend des formes différentes – de la tyrannie.

    Je ne sais rien des auteurs qui ont saccagé des quartiers à Londres. Et je condamne totalement la destruction gratuite ou le vol des biens d’autrui. Pour autant, si le moyen de révolte est à dénoncer, la révolte elle même pourrait (quelque part) être légitimée par le fait que les auteurs du saccage s’opposaient à une décision arbitraire : à savoir celle prise par M. CAMERON d’engager (sans mandat et en violation de la parole de son pays) la Grande Bretagne à sauver une monnaie (l’euro) que son Peuple n’a pas accepté (via les fonds de la Commission Européenne qui sont alimentés par une contribution de la GB) alors que ces fonds ne sont pas dégagés pour (par ex) l’emploi.

    Après tout, la révolte des marchés est tout aussi choquante – plomber chaque pays les uns après les autres, c’est une forme de révolte – et financièrement plus coûteuse (on peut remettre en état des quartiers, une décision financière et des milliers de citoyens se retrouvent sans job ou avec un pouvoir d’achat en berne)…Et illégitime (puisqu’elle nécessite une violation des traités). Quelle réaction ont les chefs d’Etat ? Ils envoient des milliards par la fenêtre !

    On peut concevoir l’injustice qu’un tel traitement de faveur peut susciter auprès de citoyens dont on exige des sacrifices ! Le collier de la reine – révolte d’une femme : le caprice – a suscité, en son temps, une réaction des plus préjudiciables pour le régime ! Les Français n’admettant pas (à raison) que le roi sacrifie au plaisir de son épouse quand dans le même temps on exigeait d’eux un financement de l’équipée américaine !

    Je termine enfin par la phrase du premier Président de l’Assemblée Nationale à l’endroit des parlementaires : “ne faites pas à autrui ce que vous ne voudriez pas qu’on vous fasse”.

    -Comment peut on exiger de la Société des efforts que sa représentation n’accepte pas ? Par ex, les retraites. Pour “réformer” celle des citoyens, pas de problème, par contre quel scandale quand on émet l’hypothèse que les élus donnent l’ex en la matière !

    -Comment peut on prôner le respect de la loi d’un coté et trouver normal d’accepter le bon plaisir de gouvernants qui ne respectent pas la loi ?
    Les plans européens sont illégaux au regard du traité de Lisbonne. Au reste, le Portugal, au moment des accords, n’avait pas de Gouvernement légitime ! Je ne parle pas de la Belgique…

    -Comment peut on demander le respect des Institutions aux citoyens…Et soi même souscrire à l’irrespect de ces mêmes Institutions à l’endroit des citoyens ?
    M. SARKOZY – et l’UMP – désire inscrire une règle constitutionnelle de bonne gestion publique. Le “souci” c’est qu’il y en a déjà une dans la Constitution : Maastricht. Et bien qu’adoptée par référendum, les élus violent cette dernière sans problème de conscience à l’évidence !

    Une autorité légitime, ce n’est pas seulement une autorité élue. Qui est légitime par les élections. Une autorité légitime, c’est une autorité INSOUPCONNABLE, qui est apte à INSPIRER LA CONFIANCE.

    En France, il n’y en a qu’une d’autorité légitime : la NATION. Et sa représentation est la fameuse “force publique” dont nous parle la DDHC, que par facilité on appelle “l’Etat” mais peut être tout autre chose : la Résistance par ex, Jeanne d’Arc, la personne du Général De Gaulle, etc.

    Certes, la phrase “l’exemple doit venir d’en haut” peut paraître à certains un principe éculé ou facile…Mais sa force n’en est pas moins utile ET nécessaire.

  2. A Thibault :

    Je ne vois pas bien le rapport entre votre commentaire (qui nous parle de la Suisse) et l’article. (Qui concerne l’Angleterre)

    J’aime bien vous lire, donc si vous pouviez donner votre avis !!!

    A M. VANNESTE et/ou son équipe…(Rien à voir avec le sujet) : est il vrai que lorsque nous envoyons, pour aider un pays membre (Italie ou Espagne) ou non (la Russie par ex) des canadairs pour maîtriser les incendies de forêt (entre autre)…Nous facturons ce service/cette aide au pays bénéficiaire ?

    Il me semblait pourtant que ce genre d’aide – pour les situations exceptionnelles – était gratuit. Qu’en est il réellement ?

  3. Bien vu moi qui suis depuis un an à Londres je le constate, c’est une société qui est moralement dans le trou et M.Vanneste ce ne sont pas seulement des gangs plus de la moitié des casseurs vivent avec un parent, il a été relaté dans la presse l’exemple de mannequins casseuses, d’ambassadrices pour les JO de Londres qui soit dit en passant sont une arnaque, des mères de familles sont allés pillés avec leur enfant, l’effondrement moral et familial y sont manifestes, c’est une société sans pudeur enclin au sensationnel, les Catholiques britanniques doivent jouer leur rôle dans la société sinon patatras. par contre je réfute tout assimilation de ces émeutes à quelques choses d’ethniques une bonne part de ces émeutes venaient des anglais blancs comme un oeuf, j’oubliais en sortant des tribunaux des petits de onze ans faisaient des doigts ainsi que leurs parents. C’est vraiment la crise, la crise morale et non économique comme le pense si facilement et betement les aficionados de la gauche

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