Au sujet de la crise du lait

Dimanche dernier, j’ai fait un petit tour des fermes et des gites ruraux de ma circonscription en commençant pas un marché. Ma circonscription, comme vous le savez, est en plein coeur de la grande métropole lilloise qui compte plus de 1 million d’habitants. Mais, et c’est un immense atout, au milieu de cette agglomération, il y a une importante présence d’un milieu rural que l’on retrouve dans la Vallée de la Lys et une forte agriculture péri-urbaine qu’il s’agit de préserver. J’y suis très attaché. Lors de mes pérégrinations, j’ai été bien entendu informé des difficultés conjoncturelles des producteurs de lait et notamment celles rencontrées autour de la discussion des prix du lait pour le second semestre 2009. Les autorités de la concurrence ont mis fin en 2008 aux négociations de l’interprofession laitière qui fixait un “cadrage national” pour le prix du lait, renvoyant à des discussions décentralisées. J’ai donc demandé aussitôt des informations au Ministre de l’Agriculture, Michel BARNIER. Voici sa réponse :

Cette situation difficile n’est pas uniquement française et résulte de surplus sur le marché européen et mondial. Michel Barnier, Ministre de l’agriculture et de la pêche, demande une réponse européenne adaptée. Il prendra l’initiative d’un débat au sein du Conseil des ministres de l’agriculture européens qui se réunira le 25 mai.

Sans attendre une décision européenne et face au constat des difficultés de l’interprofession à initier au niveau régional le processus d’élaboration et de diffusion de valeurs entrant dans la composition du prix du lait payé aux producteurs, Michel Barnier et Luc Chatel, secrétaire d’Etat chargé de l’industrie et de la consommation, lancent une mission de médiation entre producteurs, coopératives et industriels.

Philippe de Guénin, Directeur régional de l’alimentation, de l’agriculture et de la forêt des Pays de Loire, et Monsieur Pierre Lepetit, Inspecteur général des finances, sont chargés par les deux Ministres de cette médiation.

L’objectif est :
– de renouer les fils du dialogue interprofessionnel,
– de mettre en place les conditions d’une négociation dans les régions permettant de déboucher sur l’élaboration et la diffusion d’éléments entrant dans la composition du prix du lait pour le 2ème trimestre
– de rechercher autant que possible une mise en perspective dans la durée des discussions de façon à apporter à l’ensemble des parties prenantes une relative visibilité.

Cette médiation doit permettre de bâtir les fondements d’une compréhension mutuelle retrouvée, indispensable pour aborder les échéances à venir aux premiers rangs desquelles la contractualisation et l’adaptation de la filière dans chacune de ses composantes.

Ces initiatives complètent les actions et décisions d’ores et déjà engagées ou prises au plan national et communautaire pour enrayer la dégradation de la situation économique et financière de la filière : gel provisoire de l’augmentation de 1% du quota, réduction du taux d’allocation provisoire, déclenchement par anticipation des mesures de stockage privé dès le 1er janvier 2009, mise en oeuvre des restitutions à l’exportation, mise à l’intervention publique de beurre et de poudre de lait .

Vous pouvez compter sur moi pour rester très attentif à l’évolution de cette situation.

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4 commentaires

  1. Trois questions à M. Vanneste :

    –La France peut elle – vraiment – faire quelque chose ? Nous avons donné pouvoir sur notre agriculture – via la PAC – à l’UE. Par conséquent, n’est ce pas le Commissaire chargé du dossier que devrait rencontrer M. Barnier ? Ou plus vraisemblablement encore, les acteurs de la filière ?

    Je trouve que c’est un peu facile – même si M. BARNIER doit y trouver profit pour les européennes – que le “responsable” n’ait aucun souci…Tandis que les Ministres nationaux, de l’Agriculture, ne peuvent pas faire grand chose !

    N’est ce pas Mariann Fischer Boel, commissaire européenne à l’Agriculture et au développement rural, qui devrait venir en France (ce n’est pas si loin) pour rassurer nos agriculteurs, et pour leur apporter des solutions ? Au lieu d’envoyer M. BARNIER quemander une faveur au tout puissant Commissaire ? L’indépendance n’est pas censée être l’irresponsabilité.

    –au niveau national, n’est ce pas Mme Lagarde qui devrait aller voir (ou faire venir à Bercy) la grande distribution ? Il va de soi qu’il y a un problème ! La filière gagne moins d’argent, le consommateur ne voit aucune baisse venir. Cherchez l’erreur ! Je ne sais pas si ce sont les industriels ou la grande distri, ou les deux, qui se goinfrent…Mais le problème il est là ! Le Gouvernement va t il – comme d’hab – écouter M. Leclerc et cie lui susurrer dans l’oreille qu’il n’y est pour rien, et on range le dossier ?

    –Pourquoi les Ministres Français (et exclusivement Français) pratiquent ils une “stratégie d’évitement” consistant à signer tel ou tel engagement en 97 par ex, que le Ministre qui suit devra honoré, à moins que lui aussi ne repousse la date…Jusqu’au jour où, comme par miracle, on annonce à moins d’un mois de l’échéance une très grande évolution : ex la réforme de la PAC – 2009 – 2013 ?

    Cela maltraite nos entreprises, nos filières, etc. Qui sont dès lors systématiquement en retard, et qui de ce fait perdent des parts de marché ? Sans parler des effets “domino” : si un éleveur doit soudain se préoccuper de faire un changement de cap, il va filer chez sa banque…Comme la majorité des éleveurs. Résultat ? Les banques sont assaillies par des demandes à un moment t et ne trouvent plus personne pour investir les autres années.

    Ne pourrait on pas trouver un système qui permettrait de, comment dire, responsabiliser les Ministres ? Par ex, en faisant en sorte qu’un Ministre ne prenne pas d’engagement, au nom de la France, en dehors de la période de “nomination” qui est la sienne ? (Idem pour un Président ou les parlementaires…Sauf cas particulier : station spatiale, nucléaire (ITER), etc.) Et ne peut on contraindre ce Ministre a faire un “rapport” régulier au Parlement, lorsqu’il prend des engagements ? Histoire qu’on sache “qui” a pris la décision, quand, et pourquoi ?

  2. Question de cohérence :

    D’après un confidentiel de Ouest-France, Bruno Le Maire ne serait: “pas favorable à une augmentation du budget européen, et donc de ses ressources fiscales.” Il proposerait “un meilleur emploi des ressources”, en particulier sur “l’innovation, la recherche, la mobilité des jeunes.”

    L’idée de donner plus d’argent à l’innovation avait pourtant été proposée par Tony Blair en 2005 lors de la dernière grande bataille du budget européen. Or cela avait été rejeté par la France de Jacques Chirac et de Dominique de Villepin (qui avait alors un Directeur de Cabinet qui s’appelait…Bruno Le Maire).

    Nono Le Maire propose donc “un meilleur emploi des ressources”? Est-ce que cela veut dire une réduction du budget de la PAC? En tous les cas, c’est en opposition totale avec ce que propose Michel Barnier. En effet Babar propose:

    “d’”au moins doubler” le budget du fonds d’ajustement à la mondialisation, actuellement doté de 500 millions” ainsi que “”doubler le budget européen de la recherche et lancer des grands travaux”, mais aussi “investir” dans des programmes de fret ferroviaire et de nouveaux moteurs automobiles.”

    Pour augmenter le budget européen, Barnier:

    s’oppose à “tout prélèvement fiscal supplémentaire”, et propose “trois autres pistes de financement : mutualiser les budgets nationaux parfois concurrents, lever un emprunt au niveau européen et mobiliser l’épargne privée en créant une caisse des dépôts européenne”.

    Bon…Petit rappel pour M. BARNIER : l’emprunt européen c’est niet, Angela (MERKEL) n’en veut pas (M. Sarkozy a déjà tenté le coup) Et j’en connais un autre qui dira “veto”. M. COWEN. On voit mal comment il pourrait dire “oui” au niveau européen, quand il dit “non” au plan national ! Autre veto : M. FISHER…Président actuel du Conseil Européen ! (Au nom de la R. Tchèque)

    Mutualiser les budgets nationaux ? Là…C’est le PPE qui n’en veut pas ! (Dixit son Président !)

    Une caisse des dépots européennes ? Pas sur que BROWN soit favorable !

    En tout cas, vive la cohérence ! A quand le prochain Conseil des Ministres…Pour élucider le mystère ? A moins qu’il ne s’agisse d’une bête stratégie pour ne rien dire ?

  3. EH LA FRANCE ! TON LAIT FOUT LE CAMP !

    Il y avait à l’époque où l’on croyait encore un peu au merveilleux et à certaines valeurs en voie de disparition, cette image de la Voie lactée dont on disait qu’elle conduisait le pèlerin vers Saint-Jacques de Compostelle.

    Les voies lactées que l’on observe ces jours-ci dans bien de nos villes, ne semblent conduire nulle part, mais après tout ne nous permettraient-elles pas de rejoindre les Tours de Babel, européenne ou mondiale, qui ressemblent certes à l’original puisque conduisant à la confusion des langues, mais le dépassent largement en conduisant à une confusion généralisée.

    Pendant que nos producteurs de lait déversent dans les rues des milliers de litres de ce tout premier élément de l’alimentation humaine, des enfants meurent de faim dans le monde au rythme d’un toutes les cinq secondes !

    Pendant que l’on gaspille le précieux liquide au motif que nous sommes incapables de surveiller ce panier dépassant la taille humaine et où l’on veut mettre tous les oeufs ensemble, le Président de la Commission européenne arborant un sourire qui fait plaisir à voir, déclare que notre agriculture va bien, puis insiste : notre politique agricole va bien !

    On ne manquera pas de critiquer les agriculteurs grands gaspilleurs, en oubliant qu’il est lamentable que la seule façon de se faire entendre est de nous jeter à la figure ce qu’ils ont soigneusement produit à la sueur de leur front et qu’un système économique infâme et injuste entend payer à d’autres.

    Il avait les larmes au yeux ce producteur sur le marché du samedi matin à Bergerac : « Nous avons été obligé de déverser dans les fossés quelques trois mille litre de lait, comment voulez-vous que les crève-la-faim qui n’y comprennent rien puissent admettre cela. »
    Il était jeune agriculteur dans les années soixante, il y avait en Dordogne quelques soixante mille petits agriculteurs comme lui, il en reste un peu plus de huit mille, les jachères se sont multipliées la densité de population ne dépasse pas dans certaines zone un habitant au km², de riches Anglais surtout.
    Aux quelques petits qui restent, l’Union européenne et sa politique qui va bien déclarent, si vous arrêtez de produire du lait il vous sera versé un salaire basé sur vos productions des années antérieures.
    Les vieux retraités agricoles qui ont eu le tort de produire, ne touchent qu’une retraite de misère, les pré retraités du lait toucheront une rente à vie à condition de ne pas produire !

    On pourra bien entendu objecter que les agriculteurs n’en seraient pas là s’ils avaient su conserver et respecter l’outil coopératif prolongement d’exploitation, où ce n’et pas le capital qui travaille et est rémunéré, mais l’Homme.
    Cet outil coopératif, le vrai, mis en place il y a plus de cent ans avait permis de faire de notre agriculture une des premières du monde. Nous l’avons non seulement abandonné, mais nous avons été incapables de le mettre en place dans sa forme originale dans les pays en développement où il est plus urgent que l’agriculture permettre d’atteindre le niveau d’autosuffisance alimentaire, plutôt que de respecter les sacro-saintes et imbéciles prescriptions de l’ajustement structurel de la Banque Mondiale et du Fonds Monétaire Internationale.
    Cet outil, ils le respectaient et voulaient le conserver les agriculteurs, tant, construit à partir du bas, son efficacité repose sur sa dimension à taille humaine.
    Il a été systématiquement démoli, démantelé, saccagé à partir des années soixante par les concepts de mondialisation et par leur application à l’Europe au travers de la sinistre politique de Sico MANSHOLT, nouveau fléau de Dieu.

    Il ne fallait plus désormais saturer les marchés locaux par les productions locales ni n’exporter que les surplus ou n’importer que ce qu’il manquait. Il fallait au travers de structures définies d’en haut et grâce au seul travail du capital des actionnaires, faire tourner sans fin les productions agricoles de par le monde, de façon à aligner les prix sur les coûts de production les plus bas. Il ne sera rien dit de la qualité qui en découle.
    Au gaspillage énorme qui en est résulté, les niveaux de production n’étant pas adaptés aux besoins, mais à la nécessité de faire baisser les prix par le jeu de la concurrence, à ce gaspillage s’est ajouté la mise en œuvre de systèmes de transports coûteux, gaspilleurs d’énergie et qui contribuent de surcroît à la dégradation de la qualité d’un environnement que l’on prétend vouloir protéger.

    Ah oui ! N’oubliez pas aussi que depuis que vous avez commencé à lire ce texte, deux à trois cents petits sont morts de faim dans le monde.
    Ça ne fait rien, il ne sont pas comptés diront les tenants du commerce dit équitable, du développement prétendu durable, de la croissance à tout prix, de la consommation débridée et d’un monde consacré au dieu « Économie » où l’Homme ne saurait plus avoir sa place.

    Jean-Pierre Canot auteur de « Apprends-nous plutôt à pêcher ! ». Bergerac le 20 mai 2009
    Voir aussi :
    http://jeanpierrecanotbergerac.blogsudouest.com/
    http://lafrancetoutfoutlecamp.blogspot.com/

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