L’Orient plus compliqué que jamais !

syrietrumpmacronMacron a rencontré Trump et ne l’a pas convaincu sur le renoncement progressif aux énergies fossiles. Les Etats-Unis sont le premier producteur de gaz devant la Russie et se trouvent sur le podium avec la Russie et l’Arabie Saoudite pour le pétrole, avec 9 Millions de barils/jour. Ils sont en deuxième position derrière la Chine pour le charbon, qu’ils exportent donc massivement. L’exploitation des hydrocarbures de schiste et des sables bitumineux a joué un rôle non négligeable dans le redémarrage de l’économie américaine dont le taux de chômage est inférieur à 5%. L’énergie à bon marché, puisque le pays satisfait 82% de sa demande et pèse ainsi sur les prix mondiaux, joue un rôle essentiel dans la bonne santé économique des Etats-Unis, avec le développement des transports, la réalisation des infrastructures, la relance du marché automobile. Trump veut renforcer cette orientation en relocalisant la production. Sa politique est aux antipodes du consensus écologique. La France qui ne produit que 1% du gaz carbonique planétaire se veut le chevalier blanc dans ce domaine. C’est assez typique de notre vanité nationale qui consiste à défendre en vain des points de vue qui sont sans prise sur la réalité et ne sont même pas dans notre intérêt. Le principe de précaution est une stupidité qui asphyxie la recherche. La fière annonce par le médiatique Hulot de l’interdiction des prospections d’hydrocarbures en France est le cocorico d’un coq perché sur le toit de la ferme et qui ignore manifestement l’état de la basse-cour.

Macron a rencontré Poutine et celui-ci l’a convaincu de ne plus faire du départ de Bachar Al-Assad le préalable à la solution de la crise syrienne. Les médias de gauche qui ont tant contribué au succès d’En Marche, et cultivent de la guerre civile syrienne une vision westernienne, avec la brute Assad, les bons opposants, et le truand djihadiste, ont du mal à s’y faire. Libération renâcle, l’Obs n’en croit pas ses oreilles, Le Monde invente une explication jésuitique et tarabiscotée pour dire que c’était prévisible et que cette évolution était “en marche”. Non, le bel Emmanuel était très clair entre les deux tours de l’élection présidentielle. Il déclarait : “Bachar Al-Assad a commis des crimes de guerre contre son peuple. Son maintien au pouvoir ne peut en aucun cas être une solution pour la Syrie.” C’était la position irréaliste et impuissante de Hollande. A défaut de convaincre Trump sur le climat, il s’est aligné sur Poutine sur la Syrie. Voilà ce qu’on appelle une entrée fracassante. Au G20, il a confirmé son “aggiornamento” déjà esquissé après sa rencontre avec Poutine à Versailles, le 29/5. Bref, il a inversé sa position, en critiquant explicitement la position du gouvernement auquel il participait et qui avait exclu la France des pourparlers d’Astana et de Genève. Il a donc rejoint Fillon qui avait le mérite d’énoncer franchement ses intentions. Enfin, il n’est plus question de promettre un bras-de-fer avec la Russie au Conseil de Sécurité. Au contraire, il s’agit de travailler avec elle. Non seulement, Macron ne fait plus du départ d’ASSAD, le préalable à tout, mais il regrette l’ingérence occidentale qui prétend imposer des dirigeants à leur peuple. Le chaos libyen après la chute de Kadhafi était visé. Ce sont les positions du Président Poutine et de la Russie.

Sur le terrain d’ailleurs, la politique russe a marqué des points. La Syrie utile est essentiellement contrôlée par le gouvernement légitime qui reconquiert peu à peu le territoire. Après Alep, l’armée syrienne et ses alliés, russes notamment,  se dirigent selon trois axes vers Deir Ez-Zor sur l’Euphrate, où elle sauvegarde des positions encerclées par les djihadistes renforcés par ceux qui ont fui Mossoul et Raqqah, attaqués par les Irakiens ou les Kurdes, avec l’appui de la coalition. Il faut souligner le parti pris scandaleux de la plupart des médias occidentaux qui présentent la reprise de Mossoul par l’armée irakienne comme une libération quand celle d’Alep était à leurs yeux l’étouffement d’une révolte. Dans les deux cas, les villes et leurs habitants ont souffert, mais à Alep, seule une partie de la cité était aux mains des insurgés, quand dans l’autre la majorité des habitants vivaient “normalement” sous la protection de l’armée. Beaucoup de Syriens soutiennent le “régime” et se sont réfugiés dans les territoires qu’il défend. A Mossoul, la majorité des habitants sont sunnites et ont accueilli Daesh favorablement Aujourd’hui, ce sont des chiites qui les “libèrent”… On a voulu cacher cette réalité, parce que l’Occident était le premier coupable, avec ses alliés salafistes du Golfe, du désastreux printemps arabe, qui n’a été qu’une grande illusion ethnocentrique des Américains et de leurs alliés, et le vecteur choisi par le Qatar et les Frères Musulmans, la Turquie, et l’Arabie Saoudite pour développer leur influence. La démocratie occidentale et le salafisme sont inconciliables. Le choix des peuples quant à leur destin, avec le moteur du patriotisme, pour ne pas dire du nationalisme, est une troisième voie beaucoup plus sage. C’est celle de la Russie, qui en donne, elle-même, l’exemple.

Pour le coup, l’Orient, proche ou moyen, est plus compliqué que jamais, et il convient de ne pas l’aborder avec des idées simplistes. La Russie a atteint certains de ses objectifs. Elle a regagné sa place dans le jeu international, malgré son affaiblissement par rapport à l’URSS, et ses limites économiques, aggravées par d’injustes sanctions. Elle a joué le rôle principal dans le conflit syrien en permettant au pouvoir de se consolider, et a forcé la coalition, pendant longtemps impuissante, à s’en prendre sérieusement à l’Etat islamique. Plus largement, elle contribue au recul des islamistes, en soutenant le Maréchal Abdel Fatah Al-Sissi en Egypte et son allié libyen, le Maréchal Khalifa Haftar. Le reste du paysage est bien obscur. Que veulent exactement les Américains ? Il continuent plus que jamais, comme les Turcs, les Qataris et les Saoudiens à soutenir et à armer des factions syriennes rebelles ou dissidentes. Si au Nord-Est de la Syrie, leurs alliés contre l’Etat islamique, sont les Kurdes qui ne font pas franchement la guerre à l’armée syrienne, mais indisposent en revanche la Turquie, leurs interventions le long des frontières jordanienne et irakienne sont beaucoup plus suspectes voire scandaleuses. Il y a d’étonnantes bavures, comme le bombardement de l’armée syrienne qui lutte contre l’Etat islamique à Deir Ez-Zor : 100 morts en Septembre 2016. Des attaques délibérées pour soutenir les rebelles ont aussi été lancées : en Avril sur l’aéroport militaire de Chouheirat, avec 59 missiles, sous prétexte de punir l’utilisation de gaz et plus récemment, le raid de l’aviation américaine sur un convoi militaire en territoire syrien et pour soutenir la rébellion basée à la frontière jordanienne où elle reçoit l’aide occidentale. Jamais les Etats-Unis n’ont à ce point méconnu la souveraineté d’un Etat depuis leur intervention en Irak. Leurs alliances en apparence contradictoires avec Israël et l’Arabie Saoudite les conduisent à privilégier l’axe sunnite contre l’axe chiite allié objectif de la Russie, mais menace dangereuse pour les deux alliés, à la frontière libanaise ou au Yémen. Le choix de l’Arabie Saoudite est celui d’un partenaire économique dont la richesse assise sur un régime en fait fragile n’est pas sans risque. Les auteurs du 11/9 étaient majoritairement saoudiens. L’extension des territoires contrôlés par des Kurdes autonomes crée de vives tensions avec la Turquie, qui depuis le coup d’Etat manqué s’est rapprochée de la Russie. Mais, derrière cette paix qui semble avancer, notamment grâce au modèle des zones de désescalade proposé par Moscou, se profile la nécessité de redessiner la carte du Moyen-Orient et d’en consolider les frontières. C’est loin d’être réalisé !

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