Quand Le Monde m’offre un Bouvard…

La suffisance n’a souvent pour égale que l’insuffisance des suffisants. Une opinion assénée du haut d’une certitude bouffie des préjugés de la mode parisienne, une allusion aussi désinvolte qu’ignorante à Flaubert, et tout ceci précédé d’une ironie de potache sur mes prénoms : face à ce naufrage de la censure par le mépris, la compassion chrétienne s’impose.

Puisque Flaubert il y a, relisons « l’Éducation Sentimentale » pour nous rappeler qu’il était davantage un conservateur Voltairien qu’un révolutionnaire. Relisons le « Dictionnaire des Idées Reçues ». Il définit les imbéciles comme « ceux qui ne pensent pas comme vous ». Que Le Monde (cf l’article) ouvre ses colonnes à nos actuels Bouvard et Pécuchet n’est pas un très bon signe pour ce grand quotidien vespéral. Serait-il vrai que le rayonnement de l’intelligence et de la culture françaises soit en train de s’éteindre ? En ce qui me concerne, j’accepte parfaitement qu’on ne partage pas mes idées et j’ai même enseigné le développement de l’esprit critique. Permettez-moi quand même de m’étonner que les idées que j’ai défendues avec un raisonnement tiré de Kant et une formule suscitée par Voltaire soient soupçonnées de stupidité et de divagation. Oscar Wilde, lorsqu’il disait : « si Adam avait été homosexuel, nous ne serions pas là pour en parler », faisait quant à lui preuve de culture, de logique et encore davantage d’humour. Ce n’est manifestement pas donné à tout le monde.

La Cour de Cassation a fait valoir mon droit à la liberté d’expression. C’est exactement ce que je revendiquais depuis le début de cette affaire sans le moins du monde exiger que chacun épouse ma pensée. La liberté vaut pour les idées qui dérangent et la tolérance consiste effectivement à accepter d’être dérangé. C’est ce que les juges ont rappelé aux nouveaux censeurs, au nouveau conformisme, à ceux qui font appel à la justice pour tuer la liberté comme naguère d’autres s’en prenaient à Flaubert pour interdire « Madame Bovary ».

Quand tout le monde devient rhinocéros, c’est une modeste fierté que de rester soi-même : Christian Jules Alfred.

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